Le premier domaine prioritaire du cadre de 2010 concerne le ralentissement du rythme de perte de biodiversité à l’échelle des écosystèmes, des espèces et des gènes. Dans ce domaine, les indicateurs comprennent également les tendances concernant les aires protégées et l’état des espèces menacées. Plus en anglais…
Au cours des 50 dernières années, l’homme a transformé les écosystèmes plus rapidement et plus profondément qu'au cours d’aucune autre période de son histoire. Pour la plupart des principaux habitats et écosystèmes de la planète, on ne connaît actuellement avec certitude ni l’étendue de leur modification, ni le rythme de cette modification au niveau mondial, et ce en raison de difficultés pour les mesurer. Les forêts constituent toutefois une exception, puisqu’elles ont souvent une valeur commerciale directe et/ou scientifique et qu’elles font donc, pour cette raison, l’objet d’évaluations et d’inventaires réguliers dans la plupart des pays.
Les forêts recouvrent actuellement près de 30% de la surface terrestre, contre 50 % avant que l’influence de l’homme ne se fasse autant ressentir. Ce chiffre continue à diminuer en raison de la déforestation, qui résulte principalement de la transformation des forêts en terres agricoles et pâtures, laquelle se poursuit à un rythme alarmant, surtout sous les tropiques. Le reboisement, la réhabilitation du paysage, et la croissance naturelle des forêts ont compensé de manière significative la perte de forêt primaire, surtout dans les zones tempérées du globe, mais la valeur des plantations forestières et des forêts secondaires, en termes de biodiversité, est en général bien moindre que celle des forêts primaires.Au cours des 15 dernières années, les forêts primaires ont disparu ou ont subi des modifications à un rythme d’environ 6 millions d’hectares par an, et ne représentent aujourd’hui plus qu’un tiers de la superficie forestière totale.
Outre les forêts, on observe dans d’autres biomes des tendances négatives similaires au niveau de la superficie des écosystèmes. Par exemple, près de 70 % des forêts, terres boisées et maquis méditerranéens, 50 % des prairies, savanes et formations arbustives tropicales et sous-tropicales, et 30 % des écosystèmes de désert avaient déjà disparu en 1990. Les activités humaines ont également profondément affecté les écosystèmes côtiers et marins, dont la dégradation a abouti à la réduction de la superficie des forêts de varech, des prairies sous-marines, des mangroves et des récifs coralliens. Dans les Caraïbes, par exemple, la couverture moyenne de corail dur est passée de 50% à 10% au cours des trois dernières décennies. De plus, dans les régions autres que les régions polaires, on a assisté à une régression généralisée des glaciers de montagne au cours du XXe siècle et à une diminution d’environ 10 % de la couverture neigeuse depuis la fin des années 60. Dans l’Arctique, la superficie moyenne de la banquise a régressé d’environ 8 % au cours des 30 dernières années.
Pour atteindre l’Objectif 2010 pour la biodiversité, un ralentissement significatif du rythme auquel diminue aujourd’hui l’étendue des écosystèmes est nécessaire. Pour parvenir à réduire le taux actuel de perte nette de superficie forestière, il faudrait intensifier les efforts de reboisement tout en réduisant les coupes forestières. Parallèlement, il faudrait davantage concentrer les efforts sur la conservation des zones forestières naturelles, plutôt que de remplacer les forêts naturelles par des plantations de faible valeur sur le plan de la biodiversité. Plus en anglais…
Les tendances concernant l’abondance et la distribution d’espèces données constituent un indicateur de la qualité d’un écosystème et fournissent des informations complémentaires sur l’étendue des écosystèmes. Plusieurs évaluations ont révélé que la taille des populations et/ou la répartition géographique de la majorité des espèces examinées est en déclin.
Les tendances observées pour quelque 3000 populations d’espèces sauvages montrent une diminution constante de l’abondance moyenne des espèces. Cette diminution, d’environ 40% entre 1970 et 2000, atteint 50% pour les espèces d’eau douce et environ 30% pour les espèces marines et terrestres. Des études portant sur l’ensemble des amphibiens, sur les mammifères africains, sur les oiseaux des terres agricoles, sur les papillons britanniques, sur les coraux des Caraïbes et de la région indopacifique, ainsi que sur les espèces de poissons les plus pêchés, révèlent que les populations sont en déclin pour la majorité de ces espèces. Les exceptions concernent les espèces protégées par des mesures spécifiques, les espèces aujourd’hui moins menacées, et celles qui tendent à prospérer dans des environnements modifiés.
Entre 1970 et 2000, les populations d’espèces sauvages ont diminué d’environ 1,7 % par an en moyenne. On a pu observer des tendances similaires partout en Europe pour les espèces abondantes et répandues d’oiseaux qui dépendent des terres agricoles et des forêts.
Ces recherches portent essentiellement sur les groupes ayant fait l’objet de nombreuses études – les vertébrés, principalement – et les zones tropicales – ,qui abondent en espèces, ont tendance à être sous-représentées. De nombreux travaux sont actuellement en cours ; ils permettront d’enrichir les bases de données existantes et d’y inclure une plus grande variété d’espèces, notamment végétales. Plus en anglais…
On estime que, depuis quelques siècles, pour une espèce disparaissant d'extinction « naturelle », près de 1000 disparaissent à cause de l’homme. D’après la Liste rouge UICN des espèces menacées, entre 12 et 15 % des espèces appartenant à des groupes bien étudiés, comme les amphibiens, les oiseaux ou les mammifères, sont menacées d’extinction. À partir de cette liste, il est possible d’évaluer, par le biais d’un indice, le nombre d’espèces qui survivraient si aucune mesure conservative supplémentaire n’était prise. Cet indice montre que la situation des espèces d’oiseaux, groupe pour lequel le plus de données sont disponibles, se détériore de manière continue. L’analyse des données préliminaires montre que la situation des autres grands groupes, comme les amphibiens et les mammifères, est probablement pire. Plus en anglais…
La diversité génétique des espèces cultivées et domestiquées est d’une importance majeure pour l’homme. L’homme n’utilise qu’un très petit nombre de ces espèces, et leur survie et leur adaptation à des conditions environnementales changeantes dépendent en partie de leur diversité génétique. Le bien-être humain et la sécurité alimentaire dépendent à leur tour de ces quelques espèces, et la perte d’une seule récolte, provoquée par une maladie des plantes par exemple, peut avoir des conséquences dramatiques. La perte de diversité génétique est difficile à quantifier, mais on estime qu’un tiers des 6500 races reconnues d’animaux domestiqués sont actuellement menacées d’extinction.
Dans les systèmes non cultivés, l’exploitation d’espèces sauvages, par la coupe de bois, la pêche ou la chasse peut engendrer une perte de diversité génétique. Cependant, cette perte de diversité génétique est généralement associée à un déclin dans l’abondance et la distribution d’une population, suite à la destruction et à la fragmentation de ses habitats. Plus en anglais…
La création de zones protégées constitue un instrument clé de lutte contre la perte continue d’écosystèmes et d’espèces. Ces zones recouvrent aujourd’hui environ 12 % des terres émergées de la planète. On observe des différences considérables d’un biome, d’un écosystème ou d’un habitat à l’autre, en termes de surface de zones protégées. Par exemple, la superficie totale de zones protégées recouvre uniquement 5% des forêts de résineux et des terres boisées, 4,4 % des prairies des régions tempérées, 2,2 % des systèmes de lacs, 0,6 % des océans et 1,4 % du littoral.
Pour 475 des 825 écorégions terrestres que compte la planète, moins de 10% de la surface de l’écorégion est protégée. Et pour 140 d’entre elles, ce pourcentage n’atteint même pas 1%.
Toutefois, l’augmentation du nombre de zones protégées et de leur superficie constitue un indicateur plutôt rudimentaire qui doit être complété par des informations sur le degré de protection accordé à la diversité biologique et sur l’efficacité de leur gestion. Le rôle joué par les zones protégées dans le ralentissement du rythme de perte de biodiversité est encore mal compris, à cause du manque de données systématiques. Plus en anglais…
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