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Prévenir efficacement la désertification nécessite à la fois une gestion locale et des méthodes macropolitiques qui encouragent la durabilité des services rendus par les écosystèmes. Il est recommandé de se concentrer sur la prévention, parce que les tentatives de réhabilitation de régions désertifiées sont coûteuses et tendent à déboucher sur des résultats limités.
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Chapitre 5, p.14
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Exposé du problème
D’importantes interventions, au niveau politique et au niveau des méthodes de gestion, sont nécessaires pour prévenir ou inverser la désertification. L’évaluation des scénarios pour le futur montre que des interventions et des changements majeurs dans la gestion des écosystèmes seront nécessaires pour surmonter les défis posés par la désertification. Comme l’a souligné la CCD, de telles interventions doivent être mises en oeuvre du niveau local au niveau mondial, avec l’implication active des parties prenantes et des communautés locales. La production d’information et un meilleur accès à cette information, comme mentionné dans la section finale, aideront à créer les conditions favorables à une telle mise en oeuvre (S14.4.2, C6.6).
Les réponses politiques et sociétales requises varient selon le degré de désertification auquel une société est confrontée. Cette intensité variable des réponses doit se refléter dans les Programmes d’action nationaux stipulés par la CCD et dans leur mise en oeuvre consécutive. Dans les régions où les phénomènes de désertification en sont aux premiers stades ou sont relativement mineurs, il est possible de stopper le processus et de restaurer les services clés dans les zones dégradées. Les conséquences négatives de la désertification sur les services des écosystèmes des zones sèches et le succès limité des tentatives de réhabilitation démontrent qu’il est plus rentable de prévenir la désertification (C22.3.2, C22.6, R17).
S’attaquer à la désertification est crucial et essentiel pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le niveau de bien-être des habitants des zones sèches, dont environ 90 % vivent dans les pays en développement, se situe significativement derrière celui des habitants des autres régions. Environ la moitié des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde habitent les zones sèches. La grande variabilité de l’état des écosystèmes des zones sèches, combinée à de hauts niveaux de pauvreté, rend les sociétés humaines vulnérables à un déclin supplémentaire du bien-être humain. S’attaquer à la désertification facilite dès lors l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim, comme envisagé par les OMD. Ceci complète aussi directement les politiques à inclure dans les PAN pour combattre la désertification (C22.ES).
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Chapitre 5, p.14
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Prévention
Camion transportant du boisLa création d’une «culture de la prévention» peut faire beaucoup pour protéger les zones sèches d’un début de désertification ou éviter qu’il perdure. Une culture de la prévention nécessite un changement d’attitude de la part des gouvernements et des peuples par le biais de meilleures incitations. Les jeunes peuvent jouer un rôle déterminant dans ce processus. Des résultats concluants issus d’un nombre croissant d’études de cas démontrent que les populations des zones sèches, en se basant sur une longue expérience et une innovation active, peuvent conserver leur avance sur la désertification en améliorant certaines pratiques agricoles et en augmentant la mobilité pastorale de façon durable. Par exemple, dans de nombreux endroits du Sahel, les exploitants accroissent leur production en tirant profit d’une meilleure organisation du travail, d’une protection plus étendue des sols et des eaux, d’un plus grand usage d’engrais minéraux et de fumier, et de nouvelles opportunités commerciales (C22.3.1).
La gestion intégrée des sols et des eaux est une méthode clé de prévention de la désertification. Toutes les mesures protégeant les sols de l’érosion, de la salinisation et des autres formes de dégradation, empêchent efficacement la désertification. Une exploitation durable des sols permet de faire face aux activités humaines, telles que le surpâturage, la surexploitation des plantes, le piétinement excessif des sols par les troupeaux et les pratiques d’irrigation non durables qui augmentent la vulnérabilité des zones sèches. Les stratégies de gestion incluent des mesures d’étalement des pressions exercées par les activités humaines, comme la rotation des zones de pacage et des points d’eau utilisés pour le bétail (transhumance), des quotas de stockage correspondant aux capacités des écosystèmes, et une combinaison d’espèces diversifiée. De meilleures pratiques de gestion de l’eau peuvent améliorer les services des écosystèmes liés à l’eau. Celles-ci peuvent comprendre l’utilisation de techniques traditionnelles de récolte des eaux, le stockage de l’eau, ainsi que diverses mesures de préservation des sols et des eaux. Maintenir des pratiques de gestion incluant la récolte des eaux durant des épisodes de fortes précipitations permet également d’empêcher le ruissellement de surface qui emporte la fine couche superficielle de terre fertile qui retient l’humidité. Améliorer la recharge des nappes phréatiques via la préservation des sols et des eaux, la restauration de la couverture végétale en amont et la récupération des eaux de crue, peut générer des réserves d’eau utiles en périodes de sécheresse (C22.2.3, C22.4.3, C22.4.4, R6.2.2, R6.3.7).
La protection de la couverture végétale peut être un instrument capital de prévention de la désertification. Maintenir la couverture végétale pour protéger les sols du vent et de l’érosion par l’eau est une mesure préventive clé contre la désertification. Une couverture végétale convenablement préservée empêche également la perte de certains services des écosystèmes lors d’épisodes de sécheresse. Des chutes de pluie moins importantes peuvent résulter d’une disparition de la couverture végétale suite à une culture trop intensive, un surpâturage, une cueillette trop importante de plantes médicinales, l’abattage des arbres ou encore à cause d’activités minières. Ceci est généralement associé aux conséquences d’une superficie réduite d’évapotranspiration et d’ombrage, ou d’un albédo de surface plus élevé (C22.2.3, C22.2.2, C13 Box 13.1).
Dans les zones sèches subhumides et les zones semi-arides, les conditions favorisent de manière égale l’utilisation des sols à des fins pastorales et agricoles. Plutôt que de s’exclure l’un l’autre de manière concurrentielle, une plus forte intégration culturelle et économique de ces deux moyens d’existence peut empêcher la désertification. Des pratiques agricoles mixtes dans ces régions, où un même ménage d’agriculteurs combine élevage d’animaux et cultures, permettent un recyclage plus efficace des nutriments au sein du système agricole. De telles interactions peuvent réduire la pression exercée par le bétail sur les terres de parcours, via notamment la culture de plantes fourragères ainsi que le recours aux chaumes pour compléter l’alimentation du bétail lors des pénuries de fourrage dues à la variabilité climatique intra- et interannuelle (et immédiatement après, pour permettre la régénération végétale). En même temps, les terres arables bénéficient du fumier du bétail laissé aux champs, la nuit, durant la saison sèche. De nombreux systèmes agricoles ouest-africains reposent sur ce genre d’intégration entre pâturages et terres arables (C22.2.6, R6.3.7).
Pour les habitants des zones sèches, face au risque de désertification, l’usage d’une technologie adaptée localement est essentiel afin de travailler avec les processus des écosystèmes plutôt que contre eux. Appliquer une combinaison de technologie traditionnelle avec un transfert sélectif de technologie localement acceptable est un moyen clé d’empêcher la désertification. A l’inverse, il existe de nombreux exemples de pratiques – telles que des techniques et des technologies non durables d’irrigation ou de gestion des terres de parcours, ou la mise en culture de plantes qui ne conviennent pas à la région agro-climatique – qui tendent à accélérer, sinon à déclencher, les processus de désertification. Les transferts de technologie requièrent donc une évaluation en profondeur de leurs impacts et une participation active des communautés bénéficiaires (R.SDM, R17.2.4, R14.ES).
Les communautés locales peuvent empêcher la désertification et assurer une gestion efficace des ressources disponibles en zone sèche, mais elles sont souvent limitées dans leurs possibilités d’action. Puisant dans l’histoire culturelle, dans les connaissances et dans l’expérience locales, et renforcées par les connaissances scientifiques, les communautés des zones sèches se trouvent dans la meilleure position pour concevoir des pratiques permettant d’empêcher la désertification. Cependant, de nombreuses limitations font barrage aux interventions des communautés, telles qu’un manque de moyens institutionnels, d’ouverture aux marchés et d’accès au capital financier pour la mise oeuvre. L’instauration de politiques qui promeuvent une participation locale et impliquent les institutions de la communauté, améliorent l’accès aux infrastructures commerciales et de transport, informent les gestionnaires fonciers locaux, et permettent aux exploitants d’innover, est essentielle à la réussite de ces pratiques. Par exemple, une adaptation traditionnelle décisive pour les communautés pastorales a été la transhumance, qui, dans de nombreuses zones sèches, n’est plus possible aujourd’hui. La disparition de tels moyens d’existence et des savoirs locaux qui leur sont liés limite l’aptitude de la communauté à réagir aux changements écologiques et intensifie le risque de désertification (C22.ES, C22.6.4, R6.2.2, R17.3, R2.4.3).
La désertification peut être évitée en s’orientant vers des moyens d’existence alternatifs qui ne dépendent pas de l’exploitation traditionnelle de la terre, qui sont moins exigeants pour les sols et les ressources naturelles, et qui pourtant fournissent des revenus durables. Il s’agit par exemple de l’aquaculture en région sèche pour la production de poisson, de crustacés et de composés industriels générés par des micro-algues, de l’agriculture en serre, et des activités liées au tourisme. Elles génèrent, dans certains endroits, des revenus relativement élevés par unité de sol et d’eau. L’aquaculture en région sèche sous une couverture plastique, par exemple, minimise les pertes dues à l’évaporation et offre la possibilité d’utiliser de l’eau salée ou saumâtre de manière productive. Des moyens d’existence alternatifs fournissent même souvent à ceux qui y ont recours un avantage compétitif par rapport aux habitants vivant en dehors des zones sèches, car les premiers peuvent exploiter des caractéristiques propres aux zones sèches, telles que l’ensoleillement, une tiédeur relative des hivers, de l’eau saumâtre géothermique et des surfaces vierges peu peuplées, souvent plus fréquentes que dans les zones non sèches. La mise en oeuvre de telles pratiques dans les zones sèches nécessite la création d’institutions nouvelles, l’accès aux marchés, des transferts de technologie, des investissements en capitaux et une reconversion des fermiers et des pasteurs (C22.4.4).
La désertification peut aussi être évitée en ouvrant de nouvelles perspectives économiques dans les centres urbains des zones sèches et dans les zones non sèches. Des changements dans les cadres économiques et institutionnels généraux, en vue de créer de nouvelles possibilités d’emplois, pourraient permettre d’alléger les pressions actuellement à l’origine des processus de désertification. L’expansion urbaine, lorsqu’elle est envisagée avec une planification adéquate et une fourniture de services, d’infrastructures et d’équipements appropriée, peut être un facteur majeur pour soulager les pressions qui provoquent la désertification dans les zones sèches. Cette perspective est pertinente lorsque l’on considère l’expansion prévue de la fraction urbanisée de la population dans les zones sèches, qui passera à environ 52 % d’ici 2010 et à 60 % d’ici 2030 (C22.5.2, C27.2.3).
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Chapitre 5, p.14-15
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Inverser la dégradation des terres
Un système de terrasses endigue l’érosion et retient l’eau de pluie pour la production d’olives (Tunisie). Source: Évaluation des écosystèmes pour le MillénaireLe but des méthodes de réhabilitation et de restauration est de remettre en état de fonctionner les services des écosystèmes ayant disparu suite à la désertification. Ceci se fait en modifiant de façon positive l’interaction entre les populations et les écosystèmes. La restauration est la modification d’un site dégradé en vue de rétablir l’état originel d’un écosystème avec toutes ses fonctions et tous ses services. La réhabilitation cherche quant à elle à réparer des parties ou des secteurs abîmés ou enrayés du fonctionnement des écosystèmes, avec l’objectif premier de rétablir la productivité des écosystèmes. A l’instar des bénéfices découlant d’un niveau d’éducation plus élevé ou d’une gouvernance plus efficace, la protection, la restauration et l’amélioration des services des écosystèmes tendent à avoir de multiples bénéfices (C2.2.3, CF.SDM).
La restauration et la réhabilitation de zones sèches désertifiées nécessitent une combinaison de politiques et de technologies, ainsi que l’étroite implication des communautés locales. Les mesures de restauration et de réhabilitation comprennent par exemple l’établissement de banques de semences, la réalimentation des sols en matière organique et en organismes permettant aux plantes de prendre racine et de croître, et la réintroduction d’espèces sélectionnées. D’autres pratiques de réhabilitation impliquent des investissements dans la terre, notamment par la création de terrasses et l’instauration d’autres mesures contre l’érosion, le contrôle des espèces envahissantes, le réapprovisionnement en nutriments chimiques et organiques, et la reforestation. Les mesures politiques qui incitent à la réhabilitation comprennent la création de moyens de production, l’investissement de capitaux et l’instauration de mécanismes de soutien. L’implication de la communauté locale dans la conceptualisation, le dessin et la mise en oeuvre est essentielle pour la réussite des méthodes de réhabilitation. Par exemple, la plupart des politiques de lutte contre la désertification tentées au Sahel durant les années 1970 et 1980 ont échoué, précisément parce qu’elles n’ont pas impliqué les gestionnaires fonciers locaux (C22.3.2, R2.4.3).
Dans les régions désertifiées, les stratégies de réhabilitation présentent une combinaison d’impacts positifs et négatifs sur les écosystèmes, le bien-être humain et la diminution de la pauvreté. La réussite des tentatives de réhabilitation dépend de la disponibilité en ressources humaines et en capital pour le fonctionnement et la maintenance, mais elle est également tributaire du développement d’infrastructures, du degré de dépendance envers des technologies extérieures et d’une série de perceptions culturelles. Un accès suffisant à ces ressources, associé à une vraie prise en compte des besoins des communautés locales, peut mener à une réhabilitation réussie de certains services des écosystèmes et peut donc réduire la pauvreté. Certains succès ont été observés ; par exemple, les fermiers de la région de Machakos (Kenya) ont pu restaurer des terres dégradées. Cela s’est fait grâce à un meilleur accès aux marchés, à des revenus en-dehors de la ferme et à des technologies qui ont permis d’augmenter la productivité des terres et du travail à un rythme plus rapide que celui de la croissance démographique.
Quand toutes ces conditions ne sont pas réunies, les efforts de réhabilitation échouent. Par exemple, suite au Dust Bowl des années 1930, aux Etats-Unis, des interventions politiques importantes ont été introduites, notamment des lois sur le zonage pour les régions les plus fragiles, des rachats de terres privées de très faibles rendements, des offres de liquidités pour que certains propriétaires laissent des terres en jachère, et des prêts agricoles conditionnés à certaines pratiques foncières approuvées par les autorités. Ces réformes économiques, couplées à la migration d’un million de personnes entre 1940 et 1970, n’ont pas pu empêcher la résurgence du problème, avec le Dust Bowl II dans les années 1950 et le Dust Bowl III dans les années 1970. Ceci démontre que la restauration de services dégradés dans les zones sèches peut être difficile, malgré d’importantes interventions politiques et technologiques (C5.ES, C5 Box 5.1, C22.3.2).
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Chapitre 5, p.16
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