Un facteur de changement désigne tout facteur, naturel ou induit par l’homme, qui entraîne un changement dans la biodiversité, directement ou indirectement.
Certains facteurs de changement directs sont plus faciles à mesurer que d’autres, notamment l’usage d’engrais, la consommation d’eau, l’irrigation et les récoltes. Pour d’autres facteurs de changement, les indicateurs ne sont pas autant developpés et les données sont moins facilement disponibles. C’est le cas des espèces non indigènes, du changement climatique, de la transformation de la couverture terrestre et de la fragmentation du territoire.
Les changements dans la biodiversité sont déterminés par des combinaisons de facteurs de changement qui opèrent avec le temps, à différentes échelles, et qui ont tendance à s’amplifier les uns les autres. Par exemple, la croissance de la population et des revenus conjuguée à certaines avancées technologiques peut conduire au changement climatique. Plus en anglais…
Les cinq principaux facteurs de changement indirects ayant une influence sur la biodiversité sont :
Différents facteurs de changement directs sont cruciaux dans différents écosystèmes. Historiquement, ce sont les changements dans l’habitat et l’affectation des terres qui ont eu le plus gros impact sur la biodiversité dans tous les écosystèmes, mais on estime que le changement climatique et la pollution vont avoir une incidence de plus en plus grande sur toutes les dimensions de la biodiversité. La surexploitation et les espèces envahissantes ont également été importantes et continuent d’être des facteurs de changements majeurs de la biodiversité.
Au cours des 50 dernières années, les facteurs de changement directs les plus importants ont été :
Dans les écosystèmes terrestres :
les changements dans la couverture terrestre, principalement par la conversion en terres cultivables. Seules les zones inaptes à la culture, comme les déserts, les forêts boréales et la toundra, sont restées relativement intactes. Actuellement, la déforestation et la dégradation des forêts sont particulièrement considérables dans les régions tropicales. Les systèmes de culture occupent aujourd’hui près d’un quart de la surface de la planète.
Dans les écosystèmes marins :
la pêche est la principale pression humaine directe ayant un impact sur la structure, la fonction et la biodiversité des océans. Dans tous les océans, un certain nombre de stocks de poisson concernés par la pêche se sont effondrés suite à leur surpêche ou à une pêche dépassant leurs niveaux maximum soutenables. Après un pic à la fin des années 1980, la quantité mondiale de poissons pêchés a décliné.
Dans les écosystèmes d’eau douce :
Dans les écosystèmes d’eau douce : les changements dans le régime des eaux dus par exemple à la construction de grands barrages ; les espèces envahissantes qui peuvent entraîner l’extinction d’espèces ; et la pollution, comme les fortes teneurs en éléments nutritifs. Plus en anglais…
4.4.1 Les perturbations naturelles (telles que les incendies) ou les changements dans l’utilisation des terres (telle que la construction de routes) conduisent à la fragmentation des forêts. De tels changements dans les habitats ont un impact considérable sur la biodiversité, dans la mesure où de petites parcelles d’habitat ne peuvent abriter que de petites populations qui ont tendance à être plus vulnérables aux extinctions. Plus en anglais…
Cliquez sur un continent ci-dessous pour voir les estimations par carte de la:
fragmentation des forêts générée par les activités humaines
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4.4.2 Les espèces étrangères envahissantes qui s’établissent et se propagent en dehors de leur zone de répartition géographique habituelle ont été une cause majeure d’extinction. Ce phénomène a particulièrement touché les îles et les habitats d’eau douce et continue d’être un problème dans de nombreuses régions, des mesures efficaces de prévention faisant défaut. En Nouvelle Zélande, par exemple, des plantes ont été introduites au rythme de 11 espèces par an depuis que les Européens s’y installèrent en 1840. Plus en anglais…
4.4.3 La surexploitation reste une menace importante pour de nombreuses espèces, parmi lesquelles des poissons et invertébrés marins, des arbres ou encore des animaux chassés pour leur viande. La plupart des espèces de poisson pêchés industriellement sont soit totalement exploitées, soit surexploitées, tandis que les techniques de pêche destructrices endommagent les estuaires et les zones humides. La surexploitation de la viande de brousse connait une situation similaire, où les niveaux d’exploitation durables sont mal cernés et où la chasse est difficile à gérer efficacement. On estime que le commerce de plantes et d’animaux sauvages et de leurs dérivés atteint pratiquement 160 milliards de dollars annuellement. Puisque ce commerce est international, l’effort pour le réguler nécessite une coopération internationale afin de préserver certaines espèces de la surexploitation. Plus en anglais…
4.4.4 Au cours des quatre dernières décennies, les niveaux excessifs d’éléments nutritifs dans les sols et dans l’eau se sont révélés parmi les facteurs les plus importants de changement dans les écosystèmes terrestres, d’eau douce et côtiers. Plus de la moitié de tous les engrais synthétiques à base d’azote jamais employés sur Terre ont été utilisés depuis 1985, et l’usage du phosphore est actuellement trois fois plus important qu’en 1960.
La quantité totale d’azote que les activités humaines ont rendu disponible pour les organismes vivants dépasse désormais celle de toutes les sources naturelles d’azote combinées. Des ajouts excessifs d’azote et de phosphore dans l’eau douce ou dans les systèmes marins côtiers peuvent provoquer une prolifération excessive des plantes et des algues (eutrophisation) et un manque d’oxygène ainsi que d’autres problèmes environnementaux. Plus en anglais…
Les récents changements dans le climat, comme les hausses de température dans certaines régions, ont déjà eu des impacts considérables sur la biodiversité et les écosystèmes. Ils ont eu une incidence sur la répartition des espèces, la taille des populations et le moment de la reproduction ou de la migration, ainsi que sur la fréquence des vagues d’insectes nuisibles ou de maladies. Les changements climatiques prévus pour 2050 pourraient provoquer l’extinction de nombreuses espèces vivant dans certaines régions géographiques limitées. A la fin du siècle, le changement climatique et ses conséquences pourrait devenir le principal facteur direct de perte de biodiversité à l’échelle mondiale.
Alors que la période de croissance des plantes s’est allongée en Europe au cours des 30 dernières années, la combinaison des changements climatiques régionaux et des pressions humaines ont entraîné une baisse de la production de céréales dans certaines régions d’Afrique depuis 1970. Des changements dans les populations de poissons ont également été associés à des variations climatiques de grande ampleur telles que « El Niño ». Puisque le changement climatique va s’accentuer, les impacts négatifs qu’il aura sur les services des écosystèmes dépasseront ses avantages dans la plupart des régions du monde. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) prévoit que la température moyenne à la surface de la terre augmente de 2° à 6,4°C d’ici à 2100 par rapport aux températures préindustrielles. On s’attend à ce que cela ait des impacts négatifs sur la biodiversité au niveau mondial.
Selon les projections :
Aujourd’hui, de nombreux facteurs d’extinction, tels que les changements dans l’utilisation des terres, l’apparition de maladies et les espèces envahissantes, agissent tous ensemble avec une intensité plus importante que par le passé. L’exposition à une menace rendant souvent une espèce plus sensible à d’autres menaces, de multiples menaces pourraient avoir des impacts dramatiques et inattendus sur la biodiversité.
L’impact sur la biodiversité des facteurs de changement peut être local ou mondial et apparaître immédiatement ou à long terme. Le changement climatique pourrait agir à l’échelle d’une grande région, alors que le changement politique pourrait n’agir qu’à l’échelle nationale ou municipale. Les changements socio-culturels se produisent généralement petit à petit, sur une échelle temporelle de plusieurs décennies, tandis que les changements économiques ont tendance à se produire plus rapidement.
Bien souvent, les effets des interventions dans les écosystèmes prennent du temps à devenir visibles. Par exemple, pour qu’une population se rétablisse, il faut d’abord attendre qu’une nouvelle génération voie le jour, et son rétablissement prendra souvent plusieurs générations. De plus, les institutions humaines sont souvent lentes à prendre des décisions et à les mettre en œuvre. En outre, aucun facteur de changement ne semble être en train de ralentir ni d’être bien maîtrisé, et nous n’avons pas encore vu toutes les conséquences des changements qui se sont produits par le passé.
L’extinction d’espèces en raison de la disparition d’habitats présente un décalage temporel significatif. Ce processus peut être rapide pour certaines espèces et prendre 100 à 10 000 ans pour d’autres. Le laps de temps entre la réduction de l’habitat et l’extinction donne l’opportunité à l’homme de restaurer les habitats et de sauver les espèces de l’extinction. Toutefois, il est peu probable que les mesures de restauration d’habitats sauvent les espèces les plus sensibles, qui disparaîtront peu après la perte de leur habitat. Plus en anglais…
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