Lire aussi la version actualisée du Rapport d’évaluation du GIEC sur le changement climatique (2022) |
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Les effets de l'évolution du climat sur le débit des cours d'eau et la recharge des nappes souterraines varient selon les régions et les scénarios climatiques envisagés, principalement en fonction des variations projetées des précipitations. D'après les projections fondées sur la plupart des scénarios du changement climatique, on peut s'attendre à une augmentation des débits annuels moyens aux latitudes élevées et en Asie du Sud-Est et à une diminution de ces débits en Asie centrale, dans le bassin méditerranéen, en Afrique australe et en Australie (degré de confiance moyen) (voir la Figure SPM-3); l'ampleur de ces variations diffère cependant selon les scénarios.
Dans d'autres régions, y compris aux latitudes moyennes, il n'y a pas de cohérence marquée des projections des débits, en premier lieu à cause des différences des projections relatives aux précipitations et en second lieu à cause des différences des projections relatives à l'évaporation, qui peut contrebalancer l'augmentation des précipitations. Toujours d'après les projections, le retrait de la plupart des glaciers devrait s'accélérer, et plusieurs petits glaciers pourraient disparaître (degré de confiance élevé). En général, les variations projetées du ruissellement annuel moyen sont moins fiables que les incidences fondées seulement sur les variations de la température, du fait que l'évolution des précipitations varie davantage selon les scénarios. A l'échelle du bassin versant, l'effet d'un changement climatique donné varie selon les propriétés physiques et la végétation des bassins et peut s'ajouter aux modifications du couvert terrestre.
Un tiers de la population mondiale, soit environ 1,7 milliard de personnes, vivent actuellement dans des pays qui subissent un stress hydrique (en matière de stress hydrique, l'indicateur le plus couramment utilisé consiste en l'utilisation de plus de 20 pour cent des ressources en eau renouvelables disponibles). D'après les projections, ce chiffre devrait être porté à quelque cinq milliards de personnes d'ici 2025, compte tenu du taux de croissance démographique. Le changement climatique projeté pourrait en outre avoir un effet négatif sur le débit des cours d'eau et la réalimentation des nappes souterraines dans beaucoup de pays exposés au stress hydrique - notamment en Asie centrale, en Afrique australe et dans les pays du bassin méditerranéen -, tout en ayant un effet positif sur ces mêmes facteurs dans certains autres pays.
Si la demande d'eau augmente généralement en raison de la croissance démographique et du développement économique, elle diminue cependant dans certains pays du fait d'une utilisation plus efficace. Le changement climatique ne devrait pas beaucoup influer sur la demande d'eau de distribution et d'eau à usage industriel en général, mais peut par contre avoir un effet considérable sur les prélèvements d'eau aux fins d'irrigation, qui dépendent de la manière dont l'augmentation de l'évaporation est contrebalancée ou accentuée par les variations de la pluviosité. Une hausse des températures, et par conséquent une augmentation des pertes par évaporation des cultures, devrait normalement se traduire par une augmentation de la demande d'eau aux fins d'irrigation.
Les inondations pourraient augmenter d'ampleur et de fréquence dans beaucoup de régions du fait de la fréquence accrue des épisodes de fortes précipitations, qui peuvent accroître l'écoulement dans la plupart des zones et faciliter la recharge des nappes souterraines dans certaines plaines inondables. Les changements d'affectation des terres pourraient accentuer ces phénomènes. Pendant les périodes de basses eaux, le débit des cours d'eau devrait diminuer dans de nombreuses régions en raison d'une évaporation accrue, dont les effets pourraient être amplifiés ou neutralisés par les modifications de la pluviosité. Le changement climatique projeté devrait en outre contribuer à diminuer la qualité des ressources en eau en élevant leur température et en augmentant la charge polluante provenant des écoulements et des débordements des installations de traitement des déchets. Alors que la réduction des débits devrait encore accentuer cette perte de qualité, leur augmentation pourrait cependant atténuer, dans une certaine mesure, la dégradation de certaines ressources en eau en favorisant la dilution. Dans les régions où les chutes de neige représentent actuellement une composante importante du bilan hydrique, une proportion accrue des précipitations hivernales pourraient prendre la forme de pluies, ce qui pourrait entraîner un accroissement du débit de pointe et son déplacement du printemps vers l'hiver.
Les systèmes hydriques les plus vulnérables seront probablement les systèmes non aménagés ainsi que les systèmes qui sont actuellement soumis à des perturbations ou qui sont exploités d'une manière insatisfaisante et non durable par suite de l'adoption de politiques préjudiciables à l'utilisation efficace des ressources en eau et à la préservation de leur qualité, d'une gestion inadaptée des bassins versants, de l'incapacité de gérer convenablement les variations de l'offre et de la demande d'eau ou du manque de conseils pertinents de la part des spécialistes. Dans le cas des systèmes non aménagés, il n'y a pas ou peu d'ouvrages susceptibles d'atténuer les effets de la variabilité hydrologique sur la qualité de l'eau et l'alimentation en eau. Dans le cas des systèmes qui ne sont pas exploités d'une manière durable, les divers modes d'utilisation de l'eau et des sols peuvent entraîner des contraintes supplémentaires qui accentueront la vulnérabilité aux changements climatiques.
Il est possible d'appliquer des techniques de gestion des ressources en eau, notamment des techniques de gestion intégrées, afin de faciliter l'adaptation aux effets hydrologiques du changement climatique et à l'augmentation des incertitudes et d'atténuer ainsi les diverses formes de vulnérabilité. Actuellement, on recourt davantage aux approches axées sur l'offre (protection accrue contre les inondations, construction de digues, utilisation de zones de stockage des eaux - en particulier de systèmes naturels -, amélioration de l'infrastructure pour le captage et la distribution de l'eau) qu'aux approches axées sur la demande (destinées à influer sur le degré d'exposition au stress hydrique), qui font pourtant l'objet d'une attention croissante. La capacité de mettre en œuvre des mesures de gestion efficaces varie toutefois considérablement d'un pays à l'autre et est fort restreinte dans nombre de pays à économie en transition et de pays en développement.
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La recherche expérimentale révèle que les répercussions du changement climatique sur les rendements des cultures varient considérablement selon les espèces et les variétés cultivées, les caractéristiques des sols, l'ampleur de l'action des ravageurs et des agents pathogènes, les effets directs du dioxyde de carbone (CO2) sur les plantes et les interactions entre le dioxyde de carbone, la température de l'air, le stress hydrique, la nutrition minérale, la qualité de l'air et les réactions adaptatives. Même si une plus forte teneur en dioxyde de carbone peut favoriser la croissance et le rendement des cultures, cet avantage ne compense pas toujours les effets néfastes de la chaleur excessive et de la sécheresse (degré de confiance moyen). Les progrès accomplis dans ce domaine, à l'instar des progrès de la recherche sur l'adaptation agricole, ont été pris en compte, depuis la publication du Deuxième Rapport d'évaluation, dans les modèles utilisés pour évaluer les effets du changement climatique sur les rendements des cultures, les disponibilités alimentaires, les revenus agricoles et les prix.
Les coûts entreront en ligne de compte dans la limitation des pertes de rendement agricole imputables au climat et dans l'adaptation des systèmes d'élevage. A cet égard, les solutions envisageables pourraient par exemple consister à apporter des modifications aux dates de plantation et de semis, aux doses d'engrais, aux régimes d'irrigation, aux caractères génétiques des cultivars et à la sélection des espèces animales.
Des évaluations fondées sur la modélisation des cultures indiquent, avec un degré de confiance moyen à faible, que l'évolution du climat, si l'on tient compte de l'adaptation agronomique autonome, aura des effets généralement bénéfiques sur les rendements des cultures aux latitudes moyennes dans le cas d'un réchauffement inférieur à quelques ("a few") degrés Celsius, et des effets généralement néfastes dans le cas d'un réchauffement de plus de quelques degrés Celsius ("a few"). Des évaluations analogues indiquent que, sous les tropiques, les rendements de certaines cultures devraient généralement diminuer même dans le cas d'une élévation minime de la température, du fait que ces cultures sont proches du seuil de tolérance thermique et que les cultures pluviales prédominent. Une importante diminution de la pluviométrie accentuerait encore la baisse des rendements agricoles en zone tropicale. En cas d'adaptation agronomique autonome, ces rendements sous les tropiques devraient être moins affectés par l'évolution du climat, mais resteraient néanmoins inférieurs aux niveaux estimés propres aux conditions climatiques actuelles.
D'après la plupart des études économiques de portée mondiale et régionale qui ne tiennent pas compte des changements climatiques, il semble qu'en termes réels, la baisse tendancielle des prix mondiaux des produits agricoles enregistrée au XXe siècle devrait se poursuivre au XXIe siècle, quoique le degré de confiance propre à ces prévisions diminue à mesure qu'on se projette dans l'avenir. Des évaluations de la conjoncture économique par modélisation indiquent que les effets du changement climatique sur la production agricole et sur les prix des produits agricoles devraient entraîner de faibles variations en pourcentage du revenu mondial (degré de confiance faible), avec des augmentations plus marquées dans les régions les plus développées et des augmentations moindres ou des diminutions du revenu dans les régions en développement. Pour accorder un plus grand degré de confiance à ces conclusions, il faut poursuivre les recherches sur la sensibilité des évaluations de la conjoncture économique par modélisation à leurs hypothèses de base.
La plupart des études indiquent qu'une élévation de quelques ("a few") degrés Celsius ou plus de la température annuelle moyenne à la surface du globe entraînerait une hausse des prix des produits alimentaires par suite d'un ralentissement de la progression de l'offre alimentaire mondiale par rapport à l'accroissement de la demande (établi, mais incomplet). Dans le cas d'un réchauffement inférieur à quelques degrés ("a few"), les modèles économiques ne parviennent pas à établir une distinction claire entre le signal correspondant au changement climatique et d'autres causes de changement, du moins selon les études prises en compte dans cette évaluation. Certaines études globales récentes ont permis d'évaluer les répercussions économiques du changement climatique sur des populations vulnérables (petits exploitants, consommateurs urbains pauvres, etc.). Selon ces études, le changement climatique réduirait les revenus des populations vulnérables et augmenterait le nombre absolu de personnes exposées à la sous-alimentation, bien que cela soit incertain et nécessite la poursuite des recherches. Il est établi, mais de manière incomplète, que le changement climatique, notamment par le biais de l'accroissement des phénomènes extrêmes et des déplacements dans le temps et dans l'espace, aggravera l'insécurité alimentaire en Afrique.
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Des études de modélisation de la végétation continuent de mettre en évidence l'éventualité d'une perturbation importante des écosystèmes sous l'effet de l'évolution du climat (degré de confiance élevé). Une migration des écosystèmes ou des biomes en tant qu'unités distinctes est peu probable, et on assistera plutôt, en un lieu donné, à des modifications de la composition taxinomique et de la dominance. Les résultats de ces modifications seront encore perceptibles des années, des décennies ou même des siècles après le changement climatique (degré de confiance élevé).
La répartition, l'importance et la densité des populations ainsi que le comportement de la flore et de la faune sauvages ont été et seront encore affectés directement par les changements du climat mondial et régional, et indirectement par les modifications de la végétation. Le changement climatique provoquera un déplacement vers les pôles des limites des aires de distribution géographique des poissons d'eau douce ainsi qu'une perte d'habitats pour les poissons d'eaux froides et tempérées et un gain d'habitats pour les poissons d'eaux chaudes (degré de confiance élevé). Beaucoup d'espèces et de populations sont déjà très menacées, et on prévoit qu'elles le seront encore davantage par suite des effets cumulés des changements climatiques, qui rendront une partie des habitats actuels impropre à la présence de nombreuses espèces, et des changements d'affectation des sols, qui fragmentent les habitats et mettent obstacle à la migration des espèces. Sans une gestion appropriée, ces contraintes provoqueront au XXIe siècle l'extinction de certaines espèces actuellement classées comme "gravement menacées" ainsi qu'une raréfaction de la plupart des espèces considérées comme "menacées ou vulnérables", ce qui les rapprochera de l'extinction (degré de confiance élevé).
Les méthodes d'adaptation envisageables pour réduire les risques auxquels sont exposées les espèces peuvent notamment consister : 1) à créer des refuges, des parcs et des réserves dotés de couloirs de migration; 2) à recourir à l'élevage en captivité et à la translocation. Cependant l'application de ces solutions peut être limitée par leur coût.
Les écosystèmes terrestres emmagasinent apparemment des quantités croissantes de carbone. Au moment de l'établissement du Deuxième Rapport d'évaluation, on avait estimé que cela résultait principalement de l'accroissement de la productivité végétale dû à l'interaction de l'augmentation de la concentration de CO2, de l'élévation des températures et des modifications de l'humidité des sols. Des résultats récents confirment ces gains de productivité, mais donnent à penser qu'ils sont moins importants sur le terrain que ne semblaient l'indiquer les expériences en pots (degré de confiance moyen). Il se peut donc que l'absorption du dioxyde de carbone en milieu terrestre soit davantage due aux modifications des modes d'utilisation et de gestion des sols qu'aux effets directs du climat et de l'augmentation de la teneur en CO2. On ne sait pas avec certitude jusqu'à quel point les écosystèmes sont toujours des puits nets de carbone, étant donné les interactions complexes des facteurs mentionnés ci-dessus (par exemple les zones humides et les écosystèmes terrestres arctiques peuvent se comporter à la fois comme des sources et des puits) (degré de confiance moyen).
Contrairement à ce qui est indiqué dans le Deuxième Rapport d'évaluation, les études du marché mondial du bois qui prennent en considération les mesures d'adaptation fondées sur une gestion judicieuse des sols et des produits - même sans qu'il soit tenu compte des projets forestiers qui favorisent le piégeage et le stockage du carbone - semblent indiquer qu'un changement minime du climat aurait un effet positif sur l'offre mondiale de bois et accentuerait la tendance actuelle à un accroissement des parts de marché des pays en développement (degré de confiance moyen). Les consommateurs pourraient bénéficier d'une baisse des prix du bois, alors que les producteurs pourraient y gagner ou y perdre selon les fluctuations régionales de la productivité de ce secteur et les effets possibles du dépérissement des forêts.
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On prévoit que les répercussions à grande échelle de l'évolution du climat sur les océans consisteront, entre autres, en une élévation de la température de la mer en surface et du niveau moyen de la mer, en une diminution d'étendue des glaces de mer et en une modification de la salinité, de l'état des vagues et de la circulation océanique. Les océans sont un élément essentiel du système climatique,qui a d'importantes rétroactions physiques et biogéochimiques sur le climat. Bon nombre d'écosystèmes marins sont sensibles au changement climatique. Il est désormais reconnu que l'évolution et la variabilité du climat, qui se traduisent par des régimes pluriannuels climat-océan (par exemple l'oscillation pacifique décennale) et par des changements périodiques de régime, ont un effet considérable sur l'abondance des poissons et sur la dynamique des populations ichtyologiques, avec de lourdes conséquences pour les sociétés humaines qui dépendent de cette ressource.
Par suite du changement climatique, beaucoup de zones côtières devront faire face à une multiplication des inondations, à une intensification de l'érosion, à la disparition de zones humides et de mangroves et à l'envahissement des nappes aquifères par de l'eau de mer. L'évolution du climat, qui se traduira notamment par une élévation du niveau de la mer, aura pour effet d'amplifier les effets des tempêtes, et en particulier les inondations dues aux ondes de tempête et l'érosion des côtes. Aux latitudes élevées, les zones littorales subiront en outre les effets de l'énergie accrue des vagues et de la dégradation du pergélisol. Les variations du niveau relatif de la mer fluctueront localement en raison des phénomènes de soulèvement et de subsidence dus à d'autres facteurs.
Les incidences sur des écosystèmes côtiers très divers et productifs tels que les récifs coralliens, les atolls et les îles récifales, les marais salants ou les mangroves seront fonction du rythme d'élévation du niveau de la mer par rapport à la vitesse de croissance et aux apports de sédiments, de l'espace dévolu à la migration horizontale et des obstacles à cette migration, des modifications du milieu climat-océan - notamment de la température à la surface de la mer et de l'activité orageuse - et des contraintes auxquelles les activités humaines soumettent les zones côtières. Ces 20 dernières années, les épisodes de blanchissement des coraux ont résulté de plusieurs causes, et notamment de l'élévation de la température des océans. La poursuite de cette élévation de la température de la mer en surface augmenterait les contraintes subies par les récifs coralliens ainsi que la fréquence des maladies marines (degré de confiance élevé).
Les évaluations des stratégies d'adaptation pour ce qui est des zones côtières ont conduit à délaisser les ouvrages de protection des côtes (digues, épis, etc.) au profit de mesures de protection plus souples (comme par exemple l'entretien des plages), d'une retraite bien conduite ou d'une amélioration de la résilience des systèmes biophysiques et socio-économiques des zones côtières. Les solutions d'adaptation pour ce qui concerne la gestion des côtes et du milieu marin sont particulièrement efficaces lorsqu'elles s'accompagnent de politiques appliquées dans d'autres domaines, telles que des plans d'atténuation des effets des catastrophes ou des plans d'utilisation des sols.
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On en sait plus long au sujet des répercussions des événements météorologiques de courte durée sur la santé depuis la publication du Deuxième Rapport d'évaluation, particulièrement pour ce qui concerne les périodes de contrainte thermique, la modulation des conséquences de la pollution de l'air, les incidences des tempêtes et des inondations et l'influence de la variabilité saisonnière et interannuelle du climat sur les maladies contagieuses. En particulier, on comprend mieux les facteurs déterminants de la vulnérabilité des populations aux incidences nocives ainsi que les possibilités qui s'offrent en matière de réaction d'adaptation.
Il est avéré que beaucoup de maladies contagieuses à transmission vectorielle ou d'origine alimentaire ou hydrique sont sensibles aux changements climatiques. D'après les conclusions de la plupart des études fondées sur des modèles de prévision, il ressort avec un degré de confiance moyen à élevé que, selon les scénarios du changement climatique, il y aurait un accroissement net de l'aire géographique de transmission potentielle du paludisme et de la dengue, qui sont deux maladies à transmission vectorielle auxquelles sont actuellement exposés 40 à 50 % de la population mondiale.Dans les limites de leurs aires d'extension actuelles, ces deux maladies et nombre d'autres maladies infectieuses présentent apparemment une fréquence et un caractère saisonnier plus marqués - en dépit du recul de certaines maladies infectieuses dans quelques régions. Dans tous les cas, la fréquence effective des maladies est cependant fortement influencée par les conditions environnementales locales, la situation socio-économique et l'infrastructure de santé publique.
Les changements projetés du climat s'accompagneront d'une augmentation des vagues de chaleur - souvent amplifiées par l'humidité accrue et la pollution atmosphérique urbaine -, qui se traduira par une progression des décès liés à la chaleur et des épisodes de maladie. Il semble bien que les populations urbaines seront les plus touchées, en particulier les personnes âgées, les malades et ceux qui ne disposent pas de la climatisation (degré de confiance élevé). Selon quelques éléments d'information, il semble aussi que la diminution des décès hivernaux ferait plus que compenser l'augmentation des décès estivaux dans certains pays tempérés (degré de confiance moyen); cependant les recherches publiées concernent principalement les populations de pays développés, ce qui empêche toute comparaison généralisée des modifications de la mortalité estivale et hivernale.
La vaste expérience acquise en la matière montre clairement que toute augmentation des inondations multiplie les risques de noyade, de maladies diarrhéiques et respiratoires et, dans les pays en développement, de faim et de malnutrition (degré de confiance élevé).L'intensification de l'activité cyclonique dans certaines régions aurait aussi des conséquences souvent dévastatrices, particulièrement dans les zones très peuplées où les habitants ne disposent pas de ressources suffisantes. Dans certaines régions, notamment sous les tropiques, la réduction des rendements des cultures et de la production alimentaire due aux changements climatiques prédisposera des populations en proie à l'insécurité alimentaire à la malnutrition, ce qui provoquera des troubles de la croissance chez les enfants et une diminution de l'activité chez les adultes. Des perturbations socio-économiques pourraient se produire dans certaines régions, affectant à la fois les moyens de subsistance et la santé.
Il existe, pour chaque effet prévu néfaste à la santé, une série de mesures d'adaptation d'ordre social, institutionnel, technologique ou comportemental susceptible de l'atténuer. Parmi ces mesures figurent le renforcement de l'infrastructure de santé publique, une gestion de l'environnement prenant en compte la santé (qualité de l'air et de l'eau, sécurité alimentaire, urbanisme et architecture domiciliaire, gestion des eaux de surface, etc.) et la mise à disposition de moyens sanitaires appropriés. Dans l'ensemble, les effets des changements climatiques néfastes à la santé seront particulièrement marqués parmi les populations vulnérables à faibles revenus, principalement dans les pays tropicaux et subtropicaux. Des politiques d'adaptation judicieuses devraient en général permettre d'atténuer ces effets.
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D'après des éléments d'information de plus en plus abondants et chiffrés, le changement climatique exerce principalement trois sortes d'influences sur les établissements humains :
- Les secteurs économiques dont dépendent les établissements humains subissent les effets des variations de la productivité des ressources ou de la demande du marché pour ce qui est des biens et des services que ces établissements fournissent.
- Il peut y avoir des effets directs sur certains aspects de l'infrastructure physique (y compris les systèmes de transmission et de distribution de l'énergie), des bâtiments, des services urbains (y compris les moyens de transport) et d'industries particulières (comme l'agro-industrie, le tourisme ou le bâtiment).
- Les populations peuvent être directement touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes, des modifications de l'état sanitaire ou des migrations. Les problèmes ne sont pas exactement les mêmes dans les grandes agglomérations (plus de 1 million d'habitants) et dans les petites et moyennes agglomérations.
Les risques directs les plus fréquents auxquels l'évolution du climat expose les établissements humains sont les risques liés aux inondations et aux glissements de terrain, découlant de l'intensification projetée de la pluviométrie et, dans les zones côtières, de l'élévation du niveau de la mer. Si les risques sont particulièrement grands pour les établissements humains situés au bord de cours d'eau ou sur des côtes (degré de confiance élevé), les crues en milieu urbain peuvent poser un problème partout où la capacité des collecteurs d'eaux pluviales, des adductions d'eau et des systèmes de traitement des déchets est insuffisante. Ces zones sont caractérisées par une très grande vulnérabilité des établissements urbains constitués de colonies de squatters et autres agglomérations non structurées, qui cumulent une forte densité de population, des logements d'une qualité médiocre, un accès réduit ou nul à des ressources telles qu'une eau salubre ou des services de santé publique et une faible capacité d'adaptation. Certains établissements humains connaissent actuellement d'autres problèmes environnementaux importants qui pourraient être accentués par des régimes de hautes températures et de précipitations accrues - notamment en ce qui concerne les ressources en eau et en énergie, l'infrastructure, le traitement des déchets et les transports.
L'urbanisation rapide des zones côtières de faible altitude, aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés, a pour effet d'accroître énormément la densité de population et la valeur des biens produits par l'homme qui sont exposés à des phénomènes climatiques côtiers extrêmes tels que les cyclones tropicaux. D'après les projections des modèles, le nombre annuel moyen des personnes qui seraient victimes, sur les côtes, d'inondations causées par des ondes de tempête augmenterait considérablement (de 75 à 200 millions selon l'ampleur des réactions adaptatives) pour ce qui est des scénarios intermédiaires prévoyant une élévation de 40 cm du niveau de la mer d'ici les années 2080, par comparaison avec les scénarios excluant toute élévation du niveau de la mer. Selon des projections, les dégâts potentiels causés aux infrastructures des zones côtières par suite de l'élévation du niveau de la mer se chiffreraient à des dizaines de milliards de dollars des Etats-Unis dans certains pays - notamment l'Egypte, la Pologne et le Viet Nam.
Les établissements humains où l'activité économique est peu diversifiée et où les revenus proviennent en grande partie d'industries du secteur primaire sensibles au climat (agriculture, foresterie et pêches) sont plus vulnérables que les établissements humains où l'activité économique est plus diversifiée (degré de confiance élevé). Dans les zones développées de l'Arctique où le pergélisol est particulièrement riche en glace, il faudra accorder une grande attention à l'atténuation des effets néfastes du dégel, et notamment aux graves dommages que pourraient subir les bâtiments et l'infrastructure des transports (degré de confiance très élevé). L'infrastructure de l'industrie, des transports et du commerce est généralement exposée aux mêmes risques que l'infrastructure des établissements humains. On prévoit que la demande d'énergie augmentera pour ce qui est de la climatisation et diminuera pour ce qui est du chauffage, l'effet net variant selon les scénarios et les endroits considérés. Certains systèmes de production et de distribution d'énergie pourraient subir des effets néfastes susceptibles de réduire leur capacité d'approvisionnement ou leur fiabilité, tandis que d'autres systèmes pourraient tirer profit de l'évolution du climat.
Des solutions envisageables en matière d'adaptation pourraient consister à planifier les établissements humains et leur infrastructure, à implanter les installations industrielles et à prendre d'autres décisions à long terme de ce genre de façon à réduire les effets néfastes de phénomènes qui, en dépit d'une faible probabilité (cependant en augmentation), ont de lourdes conséquences (qui risquent apparemment de s'aggraver).
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Ces dernières décennies, les coûts des phénomènes météorologiques ordinaires et extrêmes ont rapidement augmenté. A l'échelle du globe, les pertes économiques imputables aux événements catastrophiques ont été multipliées par 10,3, passant de 3,9 milliards de dollars des Etats-Unis par an dans les années 50 à 40 milliards de dollars par an dans les années 90 (tous ces montants sont en dollars de 1999, sans ajustement de parité du pouvoir d'achat); environ un quart de ces pertes se sont produites dans les pays en développement. Durant la même période, la fraction assurée de ces pertes est passée d'un niveau négligeable à 9,2 milliards de dollars par an. Les coûts totaux doublent lorsqu'on tient compte des pertes résultant de phénomènes météorologiques non catastrophiques de plus faible ampleur. Comme l'illustre le fait que le rapport du montant mondial des primes d'assurance de biens et de risques divers au montant des pertes dues aux phénomènes météorologiques a été divisé par trois entre 1985 et 1999, le secteur des assurances est de plus en plus vulnérable.
Les coûts engendrés par les phénomènes météorologiques ont augmenté rapidement malgré les efforts accrus qui ont été déployés pour renforcer les infrastructures et améliorer la prévention des catastrophes. L'augmentation tendancielle des pertes imputables aux catastrophes constatée ces 50 dernières années est liée en partie à des facteurs socio-économiques tels que la croissance démographique, l'accroissement de la prospérité et l'urbanisation de zones vulnérables et en partie à des facteurs climatiques tels que l'évolution observée de la pluviosité ou des phénomènes d'inondation. Faire la part précise de ces deux sortes de facteurs est une tâche complexe, d'autant plus que leur poids respectif varie selon la région et le type de phénomène considéré.
Le changement climatique et l'évolution anticipée des phénomènes météorologiques qu'on estime liée à ce changement auront pour effet d'augmenter l'incertitude propre à l'évaluation actuarielle des risques (degré de confiance élevé). Ces développements devraient exercer une pression à la hausse sur les primes d'assurance et/ou pourraient entraîner la réévaluation de certains risques comme non assurables et la suppression ultérieure de la couverture correspondante. Il s'ensuivrait une augmentation des frais d'assurance, un ralentissement de la progression des services financiers dans les pays en développement, une moindre disponibilité des assurances aux fins d'une répartition des risques et un accroissement des demandes d'indemnisation publique consécutives à des catastrophes naturelles. Si de tels changements se produisent, on peut prévoir une modification des rôles respectifs du secteur public et du secteur privé dans le domaine de l'assurance et de la fourniture des ressources requises pour gérer les risques.
Le secteur des services financiers dans son ensemble devrait pouvoir faire face aux effets du changement climatique, bien que les archives semblent indiquer que des phénomènes peu probables, mais à fort impact, ou des phénomènes multiples très rapprochés auraient un effet fort préjudiciable sur ce secteur, particulièrement si la capacité d'adaptation se trouve simultanément réduite par des facteurs non climatiques (par exemple une situation défavorable des marchés financiers). Les segments spécialisés dans l'assurance de biens et de risques divers ou dans la réassurance et les petites compagnies d'assurance spécialisées ou non diversifiées se sont révélées plus sensibles et ont notamment enregistré un recul de leurs profits et subi des faillites imputables à des phénomènes d'origine météorologique.
L'adaptation à l'évolution du climat pose des problèmes complexes à ce secteur, mais lui offre aussi certaines possibilités. Les politiques de réglementation des prix, le traitement fiscal des réserves et la capacité (ou l'incapacité) des entreprises de se retirer des marchés à risque sont autant de facteurs qui influent sur la solidité du secteur. Les acteurs du secteur public et du secteur privé favorisent également l'adaptation en mettant l'accent sur la préparation aux catastrophes, les programmes de prévention des sinistres, les codes du bâtiment et l'amélioration des modes d'utilisation des sols. Cependant, dans certains cas, des programmes publics d'assurance et de secours ont par inadvertance provoqué un relâchement de la vigilance et une adaptation erronée en favorisant l'aménagement de zones à risque telles que certaines zones inondables ou zones côtières aux Etats-Unis d'Amérique.
On prévoit que les effets de l'évolution du climat se feront surtout sentir dans les pays en développement, et notamment dans ceux où le secteur primaire constitue la principale source de revenu. Les catastrophes naturelles ont des incidences qui se reflètent dans le PIB de certains pays, au point d'atteindre la moitié du PIB de l'un d'entre eux. Tous ces pays devront faire face à des problèmes d'équité et à des difficultés de développement si les risques météorologiques cessent d'être assurables, que les primes augmentent ou que la disponibilité de ces produits se réduit. Inversement, un accès élargi à l'assurance et la mise en œuvre accrue de plans de microfinancement et de services bancaires d'aide au développement permettraient aux pays en développement de mieux s'adapter aux changements climatiques.
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La vulnérabilité au changement climatique des populations humaines et des systèmes naturels varie considérablement d'une région à l'autre et d'une catégorie de population à l'autre dans une région donnée. Les fluctuations régionales du climat de référence et de son évolution prévue donnent lieu à une exposition aux facteurs climatiques qui diffère d'une région à l'autre. Selon la région, les systèmes naturels et sociaux sont dotés de caractéristiques, de ressources et d'institutions diverses et sont soumis à des contraintes différentes qui engendrent une sensibilité et une capacité d'adaptation particulières. Il s'ensuit une disparité marquée des préoccupations essentielles propres à chacune des grandes régions du monde. De plus, les incidences du changement climatique, la capacité d'adaptation et la vulnérabilité varient à l'intérieur même de chaque région.
Compte tenu de ce qui précède, toutes les régions devraient subir certains effets néfastes des changements climatiques. Tableau SPM-2 présente d'une manière très succincte certaines des principales préoccupations propres aux différentes régions concernées. Certaines régions sont particulièrement vulnérables en raison de leur exposition physique aux risques liés aux changements climatiques et/ou de leur capacité d'adaptation limitée. La plupart des régions peu développées sont particulièrement vulnérables, du fait qu'une grande partie de leur économie relève de secteurs sensibles au climat et que la modicité de leurs ressources humaines, financières et naturelles et leurs faibles capacités institutionnelles et technologiques réduisent considérablement leur capacité d'adaptation. Par exemple, les petits Etats insulaires et les zones côtières de faible altitude sont particulièrement vulnérables à l'élévation du niveau de la mer et à l'intensification des tempêtes et sont généralement pourvus d'une capacité d'adaptation restreinte. Dans les régions polaires, on prévoit que le changement climatique aura des effets importants et rapides, qui se traduiront notamment par une réduction de l'étendue et de l'épaisseur des glaces de mer et une dégradation du pergélisol. En Afrique, en Amérique latine et en Asie, où les possibilités d'adaptation sont généralement faibles, les variations néfastes des débits saisonniers des cours d'eau, les inondations et les sécheresses, les problèmes de sécurité alimentaire, les répercussions sur les pêches, les conséquences sanitaires et l'atteinte à la diversité biologique figurent parmi les principales vulnérabilités et les grands sujets de préoccupation. Même dans les régions jouissant d'une meilleure capacité d'adaptation telles que l'Amérique du Nord ou l'Australie et la Nouvelle-Zélande, il existe des communautés vulnérables (les peuples autochtones, par exemple), et les possibilités d'adaptation des écosystèmes sont très limitées. En Europe, les zones méridionales et arctiques se révèlent particulièrement vulnérables.
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Cliquez sur les différentes régions de la carte pour des résumés sur la capacité d'adaptation, la vulnérabilité et autres éléments déterminants de chaque région. [en]
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