Contexte - La sécurité de la santé publique mondiale dépend des actions mises en œuvre pour prévenir et répondre aux menaces qui compromettent la santé collective de la population de la planète. Ces menaces ont des répercussions sur la stabilité économique ou politique, les échanges commerciaux, le tourisme, l’accès aux biens et aux services et, si elles surviennent périodiquement, sur la stabilité démographique.
Le concept de sécurité sanitaire mondiale englobe une multitude de questions aussi complexes qu’accablantes, notamment les conséquences sanitaires des activités humaines, du changement climatique et des maladies infectieuses, mais aussi des catastrophes naturelles ou d’origine humaine. Toutes ces questions sont abordées ici.
Ce Dossier est un résumé fidèle du rapport scientifique de consensus produit en 2007 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "A safer future: global public health security in the 21st century, 2007
Au cours des deux derniers siècles, la science a réalisé d’énormes progrès dans la lutte contre les maladies infectieuses. Mais il se pourrait que les plus grosses batailles soient encore à venir:
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a examiné ces menaces ainsi que d’autres et recommande des pistes permettant aux pays de coopérer plus étroitement afin de protéger la santé publique mondiale. Plus…
Au cours de l’histoire, l’humanité a dû faire face à des épidémies dévastatrices de maladies infectieuses. Plus…
2.1 Séparer les malades des personnes saines est une approche ancienne du contrôle des maladies, utilisée notamment pour la lèpre. Cette pratique devint connue sous le nom de “quarantaine” à la fin du 14e siècle, quand les personnes qui débarquaient dans les ports alors qu’elles venaient de régions infectées par la peste étaient isolées au moins 40 jours. La quarantaine est devenue une pratique courante au cours des siècles suivants, même si elle s’est révélée largement inefficace à elle seule. Plus…
2.2 La compréhension de la manière dont les maladies se répandent connut une avancée spectaculaire durant l’épidémie de choléra à Londres au milieu du 19e siècle, lorsqu’un médecin britannique, John Snow, découvrit que le choléra était transmis via de l’eau contaminée. Sa découverte entraîna une amélioration de l’assainissement de l’eau dans les pays industrialisés, ce qui réduisit grandement le risque d’attraper la maladie. Le choléra reste cependant un risque sanitaire majeur dans les pays en développement où l’eau salubre fait défaut. Plus…
2.3 Au 18e siècle, un autre médecin britannique, Edward Jenner, découvrit un vaccin contre la variole, l’une des maladies humaines les plus anciennes et les plus mortelles. En 1979, une campagne mondiale d’immunisation permit d’éradiquer la maladie. De petits échantillons du virus ont été conservés à des fins de recherche, ce qui suscite des craintes que le virus ne réapparaisse sous la forme d’une arme biologique dévastatrice. Plus…
2.4 La nécessité d’une coordination internationale en matière de santé publique a conduit à la création de l’OMS en 1948. Un Règlement sanitaire international fut établi en 1969 pour limiter la diffusion des maladies infectieuses par-delà les frontières internationales.
Ce règlement fut élargi et renforcé en 2005 parce que, dans le monde très mobile d’aujourd’hui, les frontières ne peuvent pas arrêter la propagation des maladies et parce que de nouvelles maladies apparaissent et se transmettent des animaux à l’homme. Plus…
Beaucoup de menaces pour la santé publique sont dues à l’action humaine ou à une absence de celle-ci, que cela soit délibéré ou non. Plus…
3.1 En l’absence de menaces sanitaires majeures, les gouvernements ont tendance à baisser la garde et à dépenser moins pour la santé publique. Par exemple, les campagnes d’épandage d'insecticides à grande échelle dans les années 1960 sont presque parvenues à éradiquer de nombreuses maladies transmises par les insectes, mais celles-ci sont réapparues lorsque les programmes ont été arrêtés. Plus…
3.2 La guerre est une autre menace pour la santé publique, et pas seulement parce que des personnes meurent au combat. Les conflits armés peuvent détruire les systèmes de soin de santé, laissant les populations désarmées face aux maladies infectieuses, particulièrement les populations déplacées lors des conflits. Par exemple, au Rwanda en 1994, quelque 50 000 personnes ayant fui le massacre ethnique sont mortes du choléra au cours du mois suivant leur arrivée dans un camp de réfugiés surpeuplé. Plus…
3.3 L’utilisation généralisée et parfois mal avisée des antibiotiques a favorisé l’émergence de bactéries qui ne répondent plus aux traitements habituels. Cela compromet notre capacité à traiter les maladies les plus mortelles, comme la tuberculose. Plus…
3.4 Une mauvaise alimentation des animaux et de mauvaises pratiques d’élevage peuvent provoquer chez les animaux des maladies susceptibles de se transmettre ensuite aux humains. En fait, beaucoup de nouvelles maladies émergentes, comme la maladie de la vache folle, trouvent leur origine chez les animaux. Plus…
3.5 Les changements dans les conditions climatiques peuvent modifier la propagation géographique des maladies infectieuses. Par exemple, une pluviosité plus abondante peut augmenter le risque d’infection par des maladies transmises par les insectes. Plus…
3.6 L’usage de produits chimiques et la dépendance à l’énergie nucléaire exigent des mesures de sécurité en matière de santé publique. Il y a toujours des risques de fuites, d’accidents ou de rejets délibérés qui pourraient menacer la santé. Plus…
Trois événements illustrent les nouvelles menaces sanitaires du 21e siècle: les lettres à l’anthrax aux Etats-Unis en 2001, l’émergence du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en Asie en 2003 et le déversement illégal de déchets pétrochimiques en Côte d’Ivoire en 2006. Plus…
4.1 En 2001 aux Etats-Unis, des lettres contenant des bacilles charbonneux (anthrax en anglais) ont été envoyées à plusieurs médias ainsi qu’à deux sénateurs, tuant cinq personnes et en infectant 17 autres. Ces attaques ont suscité une grande panique au sein de la population et ont déclenché une réaction de grande ampleur de la part des autorités de santé publique. Elles ont mis en évidence la capacité du bioterrorisme à provoquer des ravages sociaux et économiques et ont conduit à une remise en cause profonde des idées que les gens se faisaient des menaces pesant sur la sécurité nationale. Plus…
4.2 En 2003, le SRAS a tué des centaines de personnes et en a touché des milliers lors d’une épidémie qui a fait planer le risque d’une épidémie mondiale (pandémie). Cette maladie, jusqu’alors inconnue, ressemble à une pneumonie et est causée par un virus transmis lors d’un contact rapproché avec une personne infectée. La maladie, qui serait apparue en Chine, s’est répandue rapidement partout dans le monde, transmise semble-t-il par les gens qui voyagent en avion. Cela a paralysé le transport vers les zones affectées et fait perdre des milliards de dollars aux économies asiatiques. Plus…
4.3 Tout comme les déplacements internationaux des personnes, les échanges mondiaux de produits peuvent avoir de graves conséquences sur le plan sanitaire. En août 2006, un cargo venant d’Europe et voyageant vers divers ports africains a illégalement déchargé plus de 500 tonnes de déchets chimiques en Côte d’Ivoire. Des dizaines de milliers de personnes se sont rendues dans les centres médicaux pour des problèmes de santé et pour exprimer leurs craintes liées à ces déchets chimiques, submergeant un système médical déjà en sous-effectif et sous-équipé. Soixante-neuf personnes ont été admises à l’hôpital et au moins huit d’entre-elles sont décédées suite à cet événement. Plus…
La grippe est une maladie infectieuse causée par un virus qui mute fréquemment. De temps à autres, une souche particulièrement virulente du virus se propage rapidement dans le monde, touchant ou même tuant une grande partie de la population. On parle alors de pandémie. Le monde a connu plusieurs pandémies de grippe au cours du dernier siècle, dont la pandémie de « grippe espagnole » qui a tué des millions de personnes en 1918-1919. Plus…
5.1 Chaque année, la grippe humaine se propage rapidement à travers le monde sous la forme d’épidémies saisonnières, considérablement moins importantes que les pandémies, mais qui causeraient malgré tout entre 3 et 5 millions de cas de maladie grave et jusqu’à 500 000 décès, pour la plupart chez les personnes âgées.
Ces 50 dernières années, un réseau mondial de veille a surveillé les mutations constantes du virus, et orienté la préparation des vaccins saisonniers. Plus…
5.2 La grippe aviaire est une maladie émergente et le virus actuel qui la provoque, connu sous le nom de H5N1, a décimé des populations d’oiseaux sauvages dans certaines régions du monde et imposé l’abattage de millions de volailles domestiques. Si le virus a causé un certain nombre d’infections chez les humains ayant eu des contacts rapprochés avec des oiseaux infectés, il n’a pas encore muté sous une forme qui se répand facilement de personne à personne. Mais les autorités se préparent à cette possibilité. Selon certaines prédictions, le H5N1 pourrait générer une pandémie qui toucherait environ 1,5 milliard d’individus et provoquerait d’énormes perturbations sociales et économiques. Plus…
5.3 L’OMS a développé un plan d’action stratégique pour aider les pays à se préparer à une pandémie de grippe. L’OMS a également apporté son soutien aux pays ayant connu des cas humains de grippe aviaire. De façon à renforcer encore davantage la réaction internationale, la Coordination du système des Nations Unies pour la Grippe (UNSIC) a été créé en 2005 en réponse aux gouvernements qui réclamaient un soutien international coordonné et soutenu pour mettre en œuvre leurs programmes de lutte contre la grippe aviaire et contre la grippe humaine. Plus…
La tuberculose, qui est causée par une bactérie se propageant dans l’air, est l’une des maladies infectieuses faisant le plus de morts. Des souches tuberculeuses résistantes aux médicaments ont émergé, compromettant notre capacité à traiter la maladie. Des cas de « tuberculose ultrarésistante » ont été confirmés dans au moins 37 pays. Non seulement les patients qui en souffrent ne réagissent pas au traitement antibiotique standard, mais ils ne réagissent pas non plus à plusieurs nouveaux antibiotiques plus puissants, et ces souches de tuberculose résistantes peuvent être aussi contagieuses que les souches pouvant être traitées.
Alors que les bactéries peuvent développer une résistance aux antibiotiques de façon naturelle, la « tuberculose ultrarésistante » se développe généralement lorsque des patients ne suivent pas entièrement le traitement prescrit. Cela peut être dû à un mauvais encadrement, à la fois du patient et du staff médical, à des interruptions dans l’approvisionnement en médicaments ou à une mauvaise prise en charge clinique.
Parce que le SIDA affaiblit le système immunitaire, sa diffusion a contribué de façon considérable à la résurgence de la tuberculose en tant que menace majeure pour la santé publique. La concentration de personnes séropositives dans les hôpitaux aggrave le risque d’attraper la tuberculose. Chez les patients séropositifs, une tuberculose non traitée entraîne la mort en quelques semaines. Plus…
La poliomyélite, souvent appelée polio, est une maladie virale qui attaque le système nerveux, ce qui peut entraîner une paralysie. A la fin du 20e siècle, la vaccination et un suivi étroit de cette maladie sont presque parvenus à l’éradiquer. Cependant, en 2003, le Nigeria a arrêté de vacciner les enfants dans certaines régions du pays à cause d’allégations non fondées selon lesquelles le vaccin oral n’était pas sans danger, ce qui a donné lieu à une importante épidémie de polio qui a laissé derrière elle des milliers d’enfants paralysé au Nigeria et s’est répandue dans d’autres pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Sous la pression internationale, le Nigeria a repris les vaccinations l’année suivante, mais l’épidémie a perduré jusqu’en 2006.
Aujourd’hui les cas de polio diminuent à nouveau, mais l’expérience nigériane est un rappel de la nécessité de rester attentif et prêt à réagir à toute apparition ou mutation du virus. Ces efforts doivent perdurer après que la polio soit éradiquée sur le terrain, au cas où des échantillons de virus préservés pour la recherche venaient à être relâchés accidentellement ou délibérément dans la population. Plus…
8.1 Il est nécessaire que tous les pays disposent d’un système de santé solide, pour garantir une ligne de défense sans failles contre les maladies infectieuses. Les pays en développement, cependant, ont beaucoup de mal à fournir ne serait-ce que des soins de santé de base à leurs populations.
Outre un système de santé solide, une plus grande coopération entre pays, organisations internationales et différents secteurs de la société permettrait d’éviter que les urgences de santé publique ne se transforment en menaces internationales. Plus…
8.2 Pour atteindre le plus haut niveau possible de sécurité sanitaire mondiale, l’OMS recommande:
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