Contexte - La compréhension de la situation globale des gaz fluorés en tant que gaz destructeurs de la couche d’ozone mais aussi en tant que puissants gaz à effet de serre (GES) est essentielle, d’une part pour bien mesurer les enjeux liés à leurs usages essentiels comme la réfrigération et l’air conditionné et, d’autre part, pour définir pourquoi et comment gérer leur impact sur le climat.
Ceci est une synthèse et un résumé de plusieurs rapports scientifiques de consensus. Pour une liste complète des sources, vous pouvez vous référer à la section références.
Les CFC (chloro-fluorocarbures) sont un groupe de gaz qui étaient largement utilisés dans les systèmes de réfrigération et les aérosols, entre autre à cause de leur grande stabilité et du fait qu’ils sont peu réactifs (et donc peu toxiques) au point de vue chimique.
Par contre, on s’est rendu compte dans les années 80 que ces gaz étaient dommageables pour la couche d’ozone, principalement par le biais du chlore qu’ils contenaient et qui était libéré dans la haute atmosphère quand les molécules de CFC étaient décomposées par les rayons à haute énergie du soleil. Ils ont été progressivement bannis suite au Protocole de Montréal de 1987 et remplacés par d’autres gaz fluorés contenant, moins de chlore et qui de ce fait sont nettement moins (90%) dommageables pour la couche d’ozone parce qu’ils se décomposent avant d’atteindre la couche d’ozone et donc sans y libérer des atomes de chlore (les H-CFC), ou des gaz fluorés ne contenant pas de chlore du tout (les hydrofluorocarbures ou H-FC). Ils avaient aussi la propriété d’être utilisables sans devoir changer aussi les installations de réfrigération ou de conditionnement d’air existantes.
Ces gaz sont par ailleurs aussi des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique et dont on a depuis également réglementé l’utilisation.
Selon le rapport 2018 du Groupe de l'évaluation technique et économique (TEAP) du Protocole de Montréal2, en empêchant l'augmentation exponentielle des substances destructrices d’ozone, et en particulier des CFC, le monde a évité une augmentation moyenne de la température d'environ 2,5 º C d’ici 2070 (~ 2ºC sous les tropiques, 6ºC dans l’Arctique, 4º C en Antarctique), le rapport concluant que «le double impact du Protocole sur le climat et la couche d’ozone a non seulement sauvé le monde de la catastrophe, mais a également contribué à le développement durable ».
Les principaux domaines d'application des hydro-fluorocarbures (H-FC) (PNUE, 2011) |
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Si le bannissement des CFC et H-CFC a été réglementé et programmé au niveau mondial par le Protocole de Montréal, la réglementation relative aux HFC a été établie dans le cadre du Protocole de Kyoto de 1994 sur les gaz à effet de serre.
Il importe dans ce contexte de souligner que les CFC représentaient 12 à 15% du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) et que les H-FC qui les ont remplacé n’en représentent aujourd’hui qu’environ 2%. Cette diminution est la réalisation concrète la plus importante jusqu’à aujourd’hui en terme de diminution d’émissions de gaz à effet de serre. Pourtant elle n’est que rarement mentionnée dans les débats sur le sujet car elle n’est pas le fait du Protocole de Kyoto et de l’Accord de Paris sur les autres émissions de gaz à effet de serre.
Les actions de gestion des gaz à effet de serre fluorés sont très encadrées.
Du fait du Protocole de Montréal et de ses amendements les H-CFC sont interdits de commercialisation au niveau mondial depuis 2015.
L’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal de 2016 stipule qu’à partir de 2019, les pays industrialisés s’engagent à réduire l'usage des H-FC de 45 % d'ici à 2024 et de 85 % d'ici à 2036, par rapport aux niveaux de 2011-2013. Les pays en développement commenceront à plafonner et à réduire leur consommation de H-FC à partir de 2024.
Les Règlements de l’Union européenne3 ont planifié et réalisé l’élimination progressive des mises sur le marché de gaz fluorés de type CFC et H-CFC entre 1995 et 2015 du fait de leur effet sur la couche d’ozone (voir tableau). En 2014 ces restrictions ont été étendues aux gaz H-FC du fait de leur fort potentiel de réchauffement climatique avec des exigences au niveau européen sont plus sévères que celles de l’Amendement de Kigali, imposant une diminution de 69 % de leurs usages pour 2024 (plutôt que 45%).
L’interdiction d’usage des H-FC ne s’appliquera cependant pas aux équipements pour lesquels, des gains d’efficacité énergétique auront été obtenus pendant leur fonctionnement (via notamment les exigences en matière d’écoconception de la Directive U.E. 2009/125/CE). En effet 70 à 80 % des émissions indirectes de CO2 des systèmes de réfrigération, par exemple, sont liées à leur consommation électrique.
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http://ccacoalition.org/en/initiatives/H-FC
Du fait de l’interdiction de la mise sur le marché des H-CFC depuis 2015, les volumes de fluides réfrigérants fluorés fabriqués en Europe ont diminué, passant de 60.000 tonnes environ en 2007 à moins de 40.000 tonnes en 2015.
En terme de recyclage, il reste beaucoup de chemin à faire car en Europe seulement 1% des gaz fluorés sont collectés en fin de vie (environ 1 200 tonnes en 2015) alors que des unités de recyclage existent.
Comme alternatives aux gaz fluorés, il existe des réfrigérants dits « naturels » (CO2, ammoniac, propane, zéolite, …). Utilisés au niveau industriel, ils présentent cependant des limites à leur utilisation systématique du fait de propriétés souvent dangereuses : inflammabilité, explosivité ou toxicité.
Par ailleurs, une nouvelle classe de fluorocarbures, les fluides de la catégorie des hydro-fluoro-oléfines (HFO) constitue une alternative intéressante avec une durée de vie atmosphérique plus courte que celle des H-FC et un très faible pouvoir de réchauffement climatique. Il y a toutefois des limites à leur adoption rapide : ils sont classés comme « inflammables de catégorie 2L » et, étant sous brevet, cela représente un coût supplémentaire.
A noter qu’à mesure que la disponibilité légale de réfrigérants réglementés diminue et que leur prix augmente, il y a de plus en plus de ventes illégales de frigorigènes en Europe, notamment via des sites Internet, et qu’il semble n’y avoir que peu de volonté politique de les arrêter.
La demande énergétique mondiale des climatiseurs devrait tripler d'ici 2050, en particulier en raison de l’augmentation des périodes de grandes chaleurs, représentant une capacité électrique qui sera équivalente à la capacité actuelle totale des États-Unis, de l'UE et du Japon réunis5. Par ailleurs, l'efficacité énergétique moyenne des climatiseurs sur le marché reste faible (3 fois inférieure à ceux offrant aujourd’hui la meilleure efficacité), et elle est encore moindre dans les pays ayant des normes de performance énergétique minimales ou inexistantes en la matière.
Même si depuis l’an 2000, la consommation énergétique et le coût des systèmes de réfrigération ont presque été divisés par 2, l’inefficacité globale des systèmes de réfrigération et de climatisation provoque chaque année la perte de deux millions de vies, notamment en raison des vaccins détériorés ou d’un risque élevé de stress thermique pour environ 500 millions de personnes ou encore, du fait de défaillances dans la chaîne de froid, le gaspillage de 400 millions de tonnes de nourriture.
Afin d’arriver à une utilisation optimale des systèmes de refroidissement, des initiatives non étatiques doivent accompagner les actions qui sont mises en œuvre par les états pour se conformer au calendrier réglementaire européen et mondial.
Parmi les initiatives concrètes de mises en œuvre de la réduction des usages et émissions de H-FC qui peuvent être appliquées il est possible :
D’une manière générale, un rapport souligne qu’un facteur de réussite essentiel pour la mise en œuvre efficace de tous les types de solutions est, dans ce domaine comme dans bien d’autres, la collaboration entre les services et/ou entre les entreprises concernées.
Pour la protection contre les incendies, les sociétés et organisations qui continuent à devoir utiliser des systèmes avec des gaz fluorés ont mis en place des programmes visant à identifier leurs besoins les plus critiques. Les gaz fluorés pourront être retirés d'installations non critiques ou obsolètes pour être réutilisés dans des applications plus cruciales.
En ce qui concerne la fin de vie, des initiatives ont été prises pour améliorer et rénover les extincteurs et les systèmes d'extinction d'incendie anciens et déconditionnés utilisant des H-CFC et des H-FC pour les recycler ou les éliminer en toute sécurité.
Le secteur de la réfrigération au sens large est un domaine particulièrement concerné par une réduction intelligente de l‘impact climatique des gaz fluorés sur le climat, qui provient en grande partie des systèmes de réfrigération des supermarchés. Dans l'UE, l’essentiel de ces émissions proviennent indirectement de leur consommation d'énergie mais aussi directement de leurs pertes de réfrigérants, qui pourraient représenter environ 40% de leur impact. Cela est dû en particulier au fait que la majorité des systèmes de réfrigération danbs ls supermarchés sont encore centralisés et qu’ils présentent davantage de risques de fuites. Malgré les avantages démontrés, les solutions à faibles émissions de carbone autres que le CO2 ne sont pas encore largement utilisées comme réfrigérants, car elles ne semblent pas déjà disponibles pour de telles installations.
De meilleures pratiques pourraient à la fois améliorer l’efficacité énergétique et réduire d’au moins 60 % les émissions de réfrigérants6.
5 Selon l'évaluation réalisée en 2014 par le Comité consultatif du
Protocole de Montréal, le Comité des options techniques du Groupe de
l'évaluation technique et économique (TEAP),
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Synthèse établie par GreenFacts sur base notamment des rapports suivants : |
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- Règlement de l’UE 1005/2009 - Le Règlement de l’UE 517/2014 du 16 avril 2014 relatif aux gaz à effet de serre fluorés - - |
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