Cette question porte sur :
De nombreux impacts des activités humaines sur les écosystèmes (que ces impacts soient néfastes ou positifs) sont lents à apparaître. Cela peut reporter à plus tard les coûts associés aux changements actuels dans les écosystèmes de sorte qu'ils incombent aux générations futures. Ainsi, par exemple, l'utilisation des réserves d'eau dans les nappes phréatiques peut dépasser la capacité de ces nappes à se recharger pendant un certain temps avant que les coûts d'extraction ne commencent à augmenter de manière significative. En général, les écosystèmes sont gérés dans l'optique d'augmenter les bénéfices à court terme, tandis que les coûts à long terme passent inaperçus ou sont ignorés.
Différents services fournis par les écosystèmes changent sur différents laps de temps. Ceci rend l'évaluation complète des avantages et inconvénients de différentes décisions de gestion plus ardue pour les gestionnaires. Par exemple, les services de soutien (comme la formation des sols et la croissance des plantes) et les services de régulation (comme la régulation de l'eau et des maladies) changent souvent bien plus lentement que les services d'approvisionnement. Par conséquent, les impacts sur les services plus lents à changer sont bien souvent ignorés.
Le degré d'inertie des differents facteurs de changement dans les écosystèmes varie considérablement. La vitesse à laquelle réagit un facteur de changement influence fortement la rapidité avec laquelle les problèmes dans les écosystèmes qui y sont liés peuvent être résolus une fois identifiés. Pour certains facteurs de changement, comme la surexploitation d'espèces particulières, les décalages sont plutôt courts et le changement peut rapidement être atténué ou stoppé. L'augmentation de la charge en éléments nutritifs et, surtout, le réchauffement climatique présentent des décalages bien plus importants et les effets de ces facteurs de changement ne peuvent être réduits que des années voire des décennies plus tard. L'extinction d'espèces due à la perte d'habitats présente également un décalage important. Même si la perte d'habitats devait s'arrêter aujourd'hui, cela mettrait des centaines d'années avant que la diversité d'espèces n'atteigne un nouvel équilibre – en deçà de son niveau actuel – en réponse à la transformation des habitats qui a eu lieu au cours des derniers siècles.
Pour certaines espèces, le processus de disparition peut être rapide, mais pour d'autres, comme les arbres, il peut prendre des siècles. Dès lors, l'impact de la réduction du rythme de perte d'habitats sur le rythme des extinctions pourrait être faible durant les 50 prochaines années mais très avantageux à long terme. Les décalages entre la réduction des habitats et la disparition des espèces offrent la possibilité pour l'Homme de restaurer des habitats et de sauver des espèces. Plus en anglais…
La plupart des changements dans les écosystèmes et leurs services sont graduels, ce qui les rend détectables et prévisibles, du moins en principe. Cependant, il existe de nombreux exemples de changements non linéaires et parfois abrupts dans les écosystèmes. Un changement peut être graduel jusqu'à ce qu'une pression particulière sur l'écosystème atteigne un seuil donné au delà duquel des transformations rapides vers un nouvel état surviennent. Certains changements non linéaires peuvent être considérables et avoir d'importants impacts sur le bien-être humain. Bien que notre capacité à prédire les changements non linéaires s'améliore, dans la plupart des cas, la science demeure à ce jour incapable d'en prédire les seuils exacts.
Les écosystèmes sont aptes à faire face aux perturbations jusqu'à un certain seuil, c'est-à-dire qu'ils sont capables de les supporter et de s'en remettre. Les changements que l'Homme provoque dans les écosystèmes peuvent réduire cette résilience et augmenter la probabilité de voir apparaître des changements abrupts dans l'écosystème, ce qui a d'importantes conséquences pour son bien-être.
Les espèces d'un écosystème appartiennent à différents groupes fonctionnels. Au sein de chaque groupe, les espèces peuvent contribuer de manières similaires aux processus et services des écosystèmes mais réagir différemment aux fluctuations environnementales. Cette diversité dans les réactions permet aux écosystèmes de s'adapter aux environnements changeants et de préserver leurs processus et leurs services. Par conséquent, la perte de biodiversité à laquelle on assiste actuellement a tendance à réduire la résilience des écosystèmes.
Les changements dans les écosystèmes liés à des seuils ne sont pas rares, mais le risque d'assister à de tels changements augmente à mesure qu'augmentent les pressions de l'Homme sur les écosystèmes. Par exemple, à mesure que les populations humaines deviennent plus mobiles, de plus en plus d'espèces sont introduites dans de nouveaux habitats. Cela augmente la probabilité de voir apparaître des organismes nuisibles.
Une fois qu'un écosystème a subi un changement non linéaire, sa remise en état est généralement lente, coûteuse, et parfois même impossible. A titre d'exemple, le rétablissement des populations de poissons surexploitées après leur effondrement et l'arrêt de l'activité de pêche est très variable. De fait, la population de morues de Terre-Neuve n'a montré que très peu de signes de rétablissement alors que sa pêche y a été interrompue depuis presque 13 ans (voir la figure 3.4 [en]), tandis que la population de harengs en mer du Nord, qui s'était effondrée à la fin des années 70 à cause de la surpêche, s'est rétablie après seulement quatre ans d'interruption de pêche. Plus en anglais…
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