Contexte - La résistance aux agents antibiotiques et antimicrobiens, autant chez les humains que les animaux, a atteint des niveaux alarmants partout dans le monde et est considéré comme une menace sérieuse à la santé publique et à la sécurité alimentaire.
Comment limiter sa progression?
Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2016 par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) : "Drivers, dynamics and epidemiology of antimicrobial resistance in animal production
La plupart des antibiotiques en usage clinique sont issus de microorganismes vivant dans les sols. Ces même microorganismes sont aussi la source de plusieurs gènes de résistance qui se retrouvent dans les bactéries ayant un impact clinique. La résistance aux antimicrobiens et antibiotiques1 peut être lié à la structure des bactéries, comme dans le cas de certaines bactéries qui ont une membrane que la péniciline G ne peut pas pénétrer, ou alors suite à une mutation d’un gène du métabolisme de la cellule qui va la rendre résistante. C’est ce dernier type qui peut éventuellement être transférer à d’autres bactéries.
Il y a cinq grandes catégories de mécanismes que les bactéries utilisent pour résister aux agents antimicrobiens:
Les gènes de résistance peuvent donner à une bactérie un avantage évolutif en comparaison de ses compétiteurs dans la même niche écologique, tant que la résistance n’a pas un effet négatif sur la physiologie de la bactérie.
1 Quelle est la différence entre antibiotique et antimicrobien?
Les antibiotiques sont des médicaments utilisées pout prévenier et traiter les infections bactériennes. La résistance aux antibiotiques se développe quand les bactéries changent pour répondre à l’utilisation de ces médicaments. Les bactéries, et non les humains, deviennent résistants aux antibiotiques. Ces bactéries peuvent par la suite infecter d’autres humains et rendre le traitement de l’infection plus difficile que dans le cas de bactéries non résistantes. La résistance aux agents antimicrobiens est un concept plus large, qui comprends la résistance aux médicaments utilisés pour traiter des infections causées par d’autres organismes, comme les parasites (comme le paludisme), les virus (comme le HIV) ou les mycoses (comme Candida).
www.emro.who.int/fr/health-topics/drug-resistance/what-is-the-difference-between-antibiotic-and-antimicrobial-resistance.html
Il y a des données qui supportent l’idée que l’émergence de la résistance aux agents antimicrobiens dans les bactéries qui se retrouvent dans les population d’animaux domestiques est connectée à l’émergence de la résistance chez les bactéries que l’on retrouve chez l’humain.
Il semble pourtant que la majorité de l’émergence de la résistance chez les bactéries que l’on retrouve chez les humains a pour origine d’autres bactéries que l’on retrouve chez les humains, et c’est la même situation avec les bacétries que l’on retrouve chez les animaux.
L’utilisation excessive et innapropriée d’agents antimicrobiens et d’antibiotiques sont reconnues comme les deux facteurs principaux de la résistance acquise dans les populations bactériennes. L’utilisation d’antimicrobiens dans les soins de santé, l’agriculture, l’horticulture, l’aquaculture et l’industrie a un impact sur l’expression, la sélection, la persistance et le transfert de la résistance dans les populations bactériennes, à cause de la pression de sélection imposée sur la microflore humaine et animale ainsi que sur les bactéries environnementales.
Les agents antimicrobiens sont en effet largement utilisés de façon non thérapeutiques dans la production animale en tant qu’ ‘assurance’ à d’autres méthodes de prévention de maladies qui sont utilisées dans la production animale moderne pour prévenir l’introduction d’infections dans un troupeau. Ces méthodes de préventions incluent la vaccination, la limitation des contacts, la ventilation et le contrôle de température adéquats, la biosécurité, l’alimentation appropriée, et les programmes de vérification de qualité. En production animale, l’utilisation prolongée de promoteurs de croissance antimicrobiens en doses sous-thérapeutiques dans les grands groupes d’animaux, une pratique qui est démontrés comme encourageant l’émergence de la résistance, est encore pratique courante dans plusieurs pays.
Le facteur de risque le plus important pour l’émergence de la résistance aux agents antimicrobiens est la présence de résidus antimicrobiens issus de ces usages par l’humain dans les environnements terrestres et aquatiques. Ces résidus amènent une pression de sélection sur les bactéries dans l’environnement ainsi que sur les bactéries commensales ou pathogènes de la flore microbienne des animaux de ferme. Nous avons besoin d’en savoir beaucoup plus sur l’impact de l’utilisation des agents antimicrobiens sur la propagation de la résistance vers l’environnement dans différents type de production agricole, en particulier dans les pays en voie de développement.
Tout mécanisme qui aide la propagation des bactéries peut potentiellement transférer des bactéries résistantes. Des bactéries pathogènes et non-pathogènes peuvent être transmises des animaux vers l’humain par la nourriture ou par contact direct avec les animaux ou leurs déjections. Si la résistance se développe dans des bactéries environnementales, celui peut amener un problème de santé chez les animaux ou les humains quand ces bactéries contaminent la nourriture, l’eau, les cultures. Elles peuvent aussi introduire la possibilité de contact entre les bactéries résistantes et les bactéries qui vivent en tant que commensales ou pathogènes chez les animaux ou les humains.
La résistance peut aussi être aquise par l’échange de matériel génétique entre bactéries, qu’elles soient ou non de la même espèce. De tels transferts peuvent avoir lieu dans n’importe quel environnement où les bactéries résistantes ont la possibilité de se mélanger à une population susceptible, comme c’est le cas dans le système digestif des animaux ou des humains, lors de l’épandage de fumier et de lisier dans dans champs, ou dans les environnements aquatiques.
Des changements récents dans les échanges internationaux de produits agricoles a influencé la propagation des bactéries et de la résistance aux agents antimicrobiens.
Une réduction du nombre de bactéries résistantes n’est possible que si les bactéries non-résistantes sont en majorité dans l’environnement et que l’environnement ne comporte pas de pression sélective sous forme d’agents antimicrobiens.
Même si la pression de sélection causée par l’utilisation d’agents antimicrobiens était complètement éliminée, ça ne résulterait pas nécéssairement dans la disparition de la résistance. La résistance est un trait “facile à aquérir, difficile à perdre”, puisque les bactéries gardent la possibilité de transférer le matériel génétique nécéssaire à la résistance entre les espèces et les environnements.
Dans les pays en voie de développement, des défis particuliers sont posés par la situation actuelle d’utilisation massive d’antimicrobiens, ainsi que par les ressources et les infrastructures inadéquates pour s’assurer une hygiène rigoureuse pour l’abattage et la manipulation de la viande.
Une amélioraion de l’hygiène et de la biosécurité (en appliquant par exemple le protocole HACCP (Hazard Analysis Critical Control Points)) devrait être un point d’attention particulier pour tout système de production animale, afin que les risques d’introduction de pathogènes et de gènes de résistance puissent être limités. Le développement d’agents antimicrobiens qui se biodégradent rapidement pourrait réduire la contamination de l’environnement.
Des stratégies de mitigation sont donc possibles, mais ils requièrent une approche conjointe, basé sur les intérets agricoles, médicaux et environnementaux. Comme les animaux, les humains et l’environnement sont intimement liés, il est dès lors important de voir le problème de la propagation de la résistance comme un problème global, qu’on peut aborder de façon interdisciplinaire et intégré.
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