Contexte - L'huile de palme est l'une des huiles végétales les plus utilisées, en bonne partie parce que la culture du palmier à huile est rentable.
Cependant, les plantations de palmiers à huile ont entraîné une déforestation importante dans de nombreuses régions équatoriales, principalement en Indonésie et en Malaisie.
Quel est l'impact de la culture du palmier à huile sur la biodiversité et comment peut-elle devenir durable ?
Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2018 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : "
Depuis les années 1990, l'huile de palme est devenue un produit mondial largement utilisé dans les aliments transformés, principalement en raison de son rendement élevé. Il est produit à partir de palmiers cultivés en Afrique occidentale et en Amérique du Sud et centrale, mais la plus forte concentration de champs de palmiers à huile se trouve en Indonésie et en Malaisie, qui fournissent 85% de la production mondiale. Les acteurs de la production à petite échelle en particulier, qui produisent environ 40% de l'huile de palme mondiale, sont très importants dans le secteur.
Les fruits de palme frais sont récoltés puis broyés pour en extraire séparément l'huile du noyau et de la chair du fruit. L'huile de noyau est principalement utilisée pour le savon et à des fins industrielles, ainsi que pour les aliments transformés, tandis que l'huile de fruit sert à la production alimentaire. Une plantation d'huile de palme produit 3,8 tonnes d'huile par hectare, contre 0,8 tonne pour l'huile de colza, 0,7 tonne pour le tournesol et 0,5 tonne pour le soja.
Près de 75% de la production mondiale est destinée aux produits alimentaires, en particulier les huiles de cuisson et les huiles et graisses transformées (par exemple, la margarine), mais elle sert également à la production de biocarburants.
Le principal impact direct du développement de la culture du palmier à huile sur la biodiversité est la perte d'habitat causée par la déforestation et les feux avant la plantation. Dans certaines régions du monde, jusqu'à 50% de la déforestation peut être attribuée à la production d'huile de palme. Dans ce contexte, les plantations des petits exploitants ont tendance à présenter une diversité supérieure à celle des plantations industrielles.
Les conflits entre la faune sauvage et les humains tendent aussi à augmenter lorsque les plantations de palmiers à huile sont établies, des espèces comme les orangs-outans et les tigres étant déplacées.
Certaines espèces, principalement des espèces dites généralistes comme les porcs et certains serpents, tirent profit des plantations de palmiers à huile en raison de la disponibilité d'aliments tels que les graines oléagineuses pour les porcs et les rongeurs comme les rats et les écureuils ou pour les serpents. Ces espèces sont utilisées par les travailleurs des plantations comme source de revenus supplémentaire, les porcs étant tués pour se nourrir et les serpents pour leur peau.
Toutefois, compte tenu de la demande croissante en huiles végétales et du fait que le palmier à huile produit beaucoup plus d'huile que d'autres cultures oléagineuses pour la même surface cultivée, abandonner l'huile de palme pourrait ne pas être la meilleure solution pour avoir un effet positif net sur la biodiversité. Il est clair en effet que d’autres cultures ont également un impact significatif sur cette biodiversité.
Parmi les autres impacts indirects de la production d'huile de palme, figurent les émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane, oxyde nitreux,…) liées à la déforestation, l'utilisation du feu pour défricher, la qualité de l'eau, la diversité des espèces d'eau douce, les espèces envahissantes associées au palmier à huile, aux ravageurs, ou encore les retombées et les impacts secondaires de la chasse.
La principale stratégie utilisée pour atténuer l’impact de la culture du palmier à huile a été de remédier à la perte de forêts naturelles et de tourbières, avec des mesures allant de la réglementation gouvernementale aux actions volontaires. L’expansion du palmier à huile, sans tenir compte de la biodiversité, n’est pas compatible avec les politiques internationales en matière de biodiversité et les liens directs entre les faiblesses de la gouvernance foncière, notamment la corruption et la collusion sur l’obtention de permis de développement pour le palmier à huile, sont bien établis.
Un certain nombre de mesures peuvent être prises pour compenser et minimiser l’impact négatif prévu ; ils comprennent :
Il existe des systèmes de certification volontaires, tels que la Table ronde sur l’huile de palme durable1, qui obligent les producteurs à éviter de défricher les forêts primaires, à protéger les rivières, à éviter les incendies et à lutter contre la pollution. Au cours de la dernière décennie, alors que le public était de plus en plus sensibilisé au problème de la déforestation, les entreprises ont pris un engagement «sans déforestation» et l'industrie de l'huile de palme est l'un des secteurs où ce niveau d'engagement est le plus élevé avec la moitié des entreprises ayant un tel engagement. La Convention sur la Diversité Biologique (CDB)2 a également établi des objectifs intergouvernementaux directement pertinents pour le palmier à huile et la biodiversité.
Les gouvernements des pays producteurs ont également réagi aux débats internationaux sur le palmier à huile et la déforestation. Il peut exister des politiques dans les pays où sont cultivés les palmiers à huile, comme le moratoire sur la déforestation en Indonésie, ou dans les pays importateurs d'huile de palme, comme la Déclaration d'Amsterdam3, qui soutiennent une chaîne d'approvisionnement pleinement durable.
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3 www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+TA+P8-TA-2017-0098+0+DOC+XML+V0//FR
La demande mondiale d'huile végétale augmente rapidement. La demande en 2050 devrait être le double de ce qu'elle était en 2008, avec une demande de 310 millions de tonnes, contre environ 165 millions de tonnes en 2013. Il est possible d'augmenter le rendement de la production actuelle en améliorant la gestion ou l'utilisation de variétés plus productives, par exemple, mais cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'y aura pas plus de développement et de conversion des terres, car la production d'huile de palme est une entreprise lucrative pour les investisseurs.
Il y a encore de la place pour la culture du palmier à huile en Afrique et en Amérique du Sud, où la production est encore relativement faible, mais l'impact environnemental de l'expansion des plantations de palmiers à huile dans ces régions reste sous-évalué.
Les lacunes les plus importantes qui nécessitent des recherches plus approfondies sont les suivantes :
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