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Maîtriser les risques potentiels pour la santé et protection des travailleurs en cas d’exposition professionnelle aux nanomatériaux manufacturés

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Contexte - La production accrue de nouveaux nanomatériaux manufacturés, leur utilisation dans les produits de consommation et les produits industriels font que les travailleurs de ces industries sont les premiers à être exposés à ces matériaux, ce qui les expose à un risque d'effets néfastes sur la santé.

Comment ces risques sont-ils gérés ?

Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2017 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "WHO Guidelines From Potential Risks On Protecting Workers Of Manufactured Nanomaterials " 

  • Source :OMS (2017)
  • Résumé & Détails: GreenFacts
Dernière mise à jour: 19 novembre 2018

1. Qu'est-ce qui est défini comme un nanomatériau ?

Le terme nanomatériaux désigne des matériaux dont la dimension (longueur, largeur ou diamètre) est inférieure à 100 nanomètres (un nanomètre représentant un millionième de millimètre), soit environ la taille d'un virus. L’intérêt pour ces nanomatériaux provient du fait qu’ils ont des propriétés physiques particulières qui peuvent offrir des particularités utiles dans des applications variées telles que de meilleures peintures, de meilleurs médicaments et une électronique plus rapide, ceci du fait de leur taille, de leur forme, leur composition, des caractéristiques de leur surface, de leur charge ou encore de leur vitesse de dissolution. Les nanomatériaux manufacturés se distinguent de nanomatériaux naturels par le fait qu’ils ne sont pas présent naturellement mais fabriqués délibérément pour certaines applications.

Quantités et usages des principaux nanomatériaux manufacturés actuellement

Nanomatériau manufacturé Quantités produites Exemples d’applications
Noir de carbone 9.6 million t Pneus, pigment noir pour les plastiques
Silice synthétique amorphe 1.5 million t Additif pour de nombreux produits, y compris alimentaires et cosmétiques
Oxyde d’aluminium 200 000 t Pigment
Titanate de barium 15 000 t Composants électroniques
Dioxyde de titane et dioxyde de zinc Environ 10 000 t chacun Pigments
Dioxyde de cérium De l’ordre de 10 000 t Produits de polissage
Nanotubes et nanofibres de carbone Moins de 20 t stockage d'énergie, supercondensateurs, transistors à émission de champ, catalyse à haute performance, applications photovoltaïques et dispositifs et implants biomédicaux.
Nanoparticules d’argent Moins de 20 t Agent antibactériens dans certains vêtements

2. Qu'est-ce qui rend un nanomatériau potentiellement dangereux ?

Les caractéristiques physico-chimiques des nanomatériaux qui leur confèrent des propriétés utiles dans diverses applications et qui diffèrent de celles d'une même substance plus volumineuse font que ceux-ci peuvent présenter des risques pour la santé jusqu’ici encore inconnus. Étant donné que leurs dimensions sont du même ordre de grandeur que les cellules vivantes et leurs composants cellulaires, elles peuvent en effet potentiellement interagir avec les cellules de manière indésirable.

3. Que savons-nous des effets des nanomatériaux sur la santé humaine ?

Alors que de nouveaux nanomatériaux sont constamment développés, très peu de revues systématiques de leurs effets potentiels ont été identifiées et la capacité de prédire leurs propriétés dangereuses est donc encore limitée. Il y a notamment un manque d'informations précises sur la manière dont les nanomatériaux, qu'ils soient manufacturés ou non, pénètrent dans le corps humain, sur leur sort une fois qu'ils sont y ont pénétrés et sur leur capacité à induire des effets biologiques indésirables.

Les principaux effets potentiels indésirables pour la santé et les classes de danger qui pourraient être attribuées à différents nanomatériaux concernent principalement :

  • des effets de sensibilisation respiratoire ou cutanée;
  • des lésions oculaires graves;
  • une toxicité spécifique pour certains organes-cibles après exposition répétée;
  • des effets mutagènes au sein des cellules germinales et cancérogénicité.

En ce qui concerne, d’une part, leurs propriétés intrinsèquement dangereuses, l'exposition et, d’autre part, l'évaluation des risques liés à l’exposition à ces dangers, et compte tenu de leurs propriétés physico-chimiques particulières, les nanomatériaux peuvent nécessiter des méthodes d'essais toxicologiques différentes de celles appliquées pour déceler les propriétés dangereuses des matériaux de taille plus grande et les méthodes particulières d'identification de ce type de danger ne sont pas encore bien établies.

Jusqu'à présent cependant, aucun effet néfaste à long terme sur la santé n'a été observé chez les humains. Cela pourrait être dû à l'introduction récente de ces nanomatériaux manufacturés, aux approches de précaution qui sont adoptées pour éviter d'y être exposés, mais également aux préoccupations éthiques liées à la réalisation d'études chez l'homme portant sur les effets de ces nanomatériaux.

En l'absence d'informations toxicologiques suffisantes, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande d'adopter de telles approches de précaution lorsqu'il existe des indications raisonnables de ne pas exposer les travailleurs du fait des incertitudes quant à la possibilité d'effets néfastes sur la santé.

4. Quelles sont les recommandations de l'OMS en matière de gestion des risques pour la santé des travailleurs de nanomatériaux manufacturés ?

Le Groupe de Développement des Lignes Directrices (Guideline Development Group, GDG) de l’OMS recommande vivement d'attribuer des classes de danger à tous les nanomatériaux manufacturés conformément au Système général harmonisé (SGH) de classification et d'étiquetage des produits chimiques des Nations Unies1, destiné à être utilisé dans les fiches de sécurité fournies aux utilisateurs professionnels d’un produit.

Il recommande également de réduire les expositions aux nanomatériaux qui ont été systématiquement détectés sur les lieux de travail, en particulier lors des opérations de nettoyage et de maintenance, lors de la collecte de matériaux provenant des cuves de réaction et de l'intégration des nanomatériaux dans des processus de production. À cette fin, le GDG considère qu'il est de la meilleure pratique d'associer les travailleurs aux problèmes de santé et de sécurité, ce qui conduira à un contrôle plus optimal des risques.

Dans ce contexte, l’OMS considère cinq domaines d’évaluation et de gestion des risques pour la santé des travailleurs liés à une exposition aux nanomatériaux manufacturés et formule des recommandations pour trois de ces domaines :

Évaluation des risques pour la santé des nanomatériaux

  1. Attribuer des classes de danger à tous les nanomatériaux manufacturés; 
  2. Mettre à jour les fiches de données de sécurité de la substance correspondante avec les informations de danger spécifiques aux nanomatériaux ; 
  3. Utiliser la classification des nanomatériaux de l’OCDE pour les groupes de fibres respirables et de particules bio-persistantes granulaires et pour la classification provisoire des nanomatériaux du même groupe. 

B. Évaluation de l'exposition aux nanomatériaux

  1. Evaluer l’exposition des travailleurs / travailleuses de la manutention sur les lieux de travail ; 
  2. Evaluer si l'exposition sur le lieu de travail dépasse le niveau proposé d'exposition professionnelle; 
  3. Appliquer une approche progressive pour l'exposition par inhalation lorsque les limites d'exposition professionnelle (LEP) spécifiques aux nanomatériaux ne sont pas disponibles sur les lieux de travail. 

Si il existe par ailleurs des éléments de preuve de qualité moyenne que des méthodes d'évaluation de l'exposition par inhalation fondamentales et complètes sont réalisables dans la pratique, il n'y a que des éléments de très faible qualité sur la faisabilité de telles mesures pour l'évaluation de l'exposition cutanée.

C. Contrôle de l'exposition professionnelle aux nanomatériaux

  1. Concentrer le contrôle de l'exposition sur la prévention de l'exposition par inhalation autant que possible ; 
  2. Réduire les expositions à une gamme de nanomatériaux systématiquement mesurés sur les lieux de travail ; 
  3. Éliminer la source d'exposition devrait être la première mesure de contrôle ; 
  4. Prévenir l'exposition cutanée par des mesures d'hygiène du travail telles que le nettoyage des surfaces et l'utilisation de gants appropriés (recommandation conditionnelle, preuves de faible qualité) ; 
  5. Utiliser des systèmes de gestion graduée2 pour les nanomatériaux afin de sélectionner les mesures de contrôle de l'exposition sur le lieu de travail. 

Pour les deux autres domaines (Surveillance de la santé, formation et implication des travailleurs), faute d’élément suffisants, le GDG ne peut recommander de programmes spécifiques de surveillance de la santé des travailleurs à l’intention des nanomatériaux manufacturés par rapport aux autres programmes de surveillance de la santé existants et déjà utilisés.

La formation des travailleurs et l'implication des travailleurs dans les domaines de la santé et de la sécurité doivent être des pratiques exemplaires mais, faute d'études disponibles, aucune forme de formation des travailleurs sur un autre ne peut non plus être recommandée, ni une forme d'implication du travailleur sur une autre.

1  www.unece.org/fileadmin/DAM/trans/danger/publi/ghs/ghs_rev05/French/ST-SG-AC10-30-Rev5f.pdf
2 Pour une définition de la gestion graduée :  www.anses.fr/fr/system/files/AP2008sa0407Ra.pdf


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