Contexte - La forêt et l'agriculture sont souvent en conflit lorsqu'il s'agit d'utiliser la terre.
Comment une approche intégrée de la gestion des terres peut-elle aider à répondre aux besoins de la population mondiale croissante ?
Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2016 par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) : "
La population mondiale augmente et répondre aux besoins de tous est un défi. En conséquence, une approche intégrée au niveau mondial est nécessaire et, en 2015, les dirigeants de l'ONU ont adopté une série d'objectifs de développement durable (ODD) pour 2030 en tant que plan d'action pour les personnes, la planète et la prospérité1.
Plus que simplement constitués d’arbres, les forêts sont essentielles pour pouvoir assurer la sécurité alimentaire et l'amélioration des moyens de subsistance. Les forêts peuvent accroître la résilience des communautés non seulement en fournissant de la nourriture, du bois comme source d’énergie, des abris, du fourrage et des fibres, mais aussi en générant des revenus et des emplois pour permettre aux communautés et aux sociétés de prospérer. Ils peuvent soutenir une agriculture soutenable (durable) et le bien-être humain en stabilisant les sols et le climat, et en régulant les débits d'eau.
Les forêts peuvent aussi contribuer à relever les défis posés par les changements climatiques, et les forêts bien gérées peuvent jouer un rôle important dans l'absorption du carbone tout en fournissant d'autres services environnementaux.
Ce rapport explore les défis et les opportunités que représentent les interrelations complexes entre les forêts, l'agriculture et le développement durable.
Certaines estimations suggèrent qu'au cours des cinq derniers millénaires, la surface couverte par les forêts a diminué de 1,8 milliard d'hectares, soit environ la moitié de la superficie totale des forêts aujourd'hui. Des preuves archéologiques et historiques indiquent qu'une grande partie de cette perte forestière a été associée à l'augmentation de la population humaine et à la demande de terres, de cultures et de pâturages, ainsi qu'à des niveaux d'exploitation non durables des ressources forestières, par exemple comme combustible ou pour la construction navale.
La conversion des terres forestières en terres agricoles reste le principal moteur de la déforestation. Les facteurs sous-jacents affectant la conversion des forêts comprennent la croissance démographique, le développement agricole, les régimes fonciers, la gouvernance dans le changement d'affectation des terres, l'évolution des marchés, les améliorations technologiques et les interventions politiques actives. La demande de terres pour produire d'autres produits tels que les biocarburants devrait également augmenter.
Plus précisément, aux 19ème et 20ème siècles, l'expansion des terres agricoles est restée le principal moteur de la déforestation, avec l'expansion des villes et le développement des infrastructures et des exploitations minières. La superficie forestière mondiale a diminué de 129 millions d'hectares (3,1%) entre 1990 et 2015 et se situe maintenant à un peu moins de 4 milliards d'hectares. Bien que le taux de perte nette globale des forêts ait ralenti, passant d'une moyenne de 7,3 millions d'hectares par an dans les années 1990 à 3,3 millions d'hectares par an en 2010-2015, la déforestation demeure un sujet de profonde préoccupation.
Dans les régions tropicales plus spécifiquement, sur la période 2000-2010, il y a eu une perte nette de 7 millions d'hectares de forêts par an et une croissance des terres agricoles de 6 millions d'hectares par an.
Enrayer la perte de forêts profitera à des centaines de millions de personnes, en particulier à un grand nombre de personnes les plus pauvres du monde dont les moyens de subsistance dépendent des biens forestiers et des services environnementaux. Cela contribuera également à lutter contre les changements climatiques, à protéger les habitats propres à 75% de la biodiversité terrestre mondiale et à maintenir la résilience des écosystèmes, soutenant ainsi une agriculture (plus) durable.
Ajuster les formes de soutiens à l'agriculture commerciale en introduisant des sauvegardes environnementales, telles que des conditions d’usage, contribuerait à éviter la perte de forêts, en particulier dans les pays où les subventions agricoles à grande échelle ont eu un impact significatif sur la déforestation. Selon le rapport, la gouvernance privée est devenue plus importante dans la promotion de l'utilisation durable des terres, avec un nombre croissant d'entreprises privées s'engageant volontairement à éliminer les pratiques de déforestation de leurs chaînes d'approvisionnement.
Au-delà, il est nécessaire d'améliorer la coordination entre les politiques sur les forêts et celles sur l'agriculture, l'alimentation, l'utilisation des terres, le développement rural et national. Par exemple, les politiques agricoles devraient être plus explicites quant aux implications potentielles des stratégies de production alimentaire pour les forêts et la gestion durable des terres. Plusieurs études de cas ont souligné l'importance, dans une vision élargie du développement économique national, du développement rural et des stratégies de réduction de la pauvreté, de reconnaître la valeur des forêts avec celle de l'agriculture et de la sécurité alimentaire.
Malgré que ces enjeux soient des priorités globales et mondiales, l'analyse des documents de politique de mise en oeuvre disponibles suggère qu’au niveau national les décisions sur l'utilisation des terres et les priorités des ressources naturelles ne sont pas toujours prises en compte.
Les études de cas dans différents pays ont révélé plus particulièrement l'importance de quatre thèmes communs qui doivent être combinés :
Le rapport souligne également qu'un cadre juridique et réglementaire complet et exhaustif ne peut, en soi, empêcher la conversion illégale des forêts. Bien que des procédures et des mécanismes clairs soient essentiels, ils ont peu de valeur s'ils ne sont pas appliqués ou s'ils sont mis en œuvre de manière inefficace.
Ainsi, le défi aujourd'hui est d'encourager les tendances positives enregistrées dans certains pays - en particulier les pays à faible revenu - dans lesquels l'insécurité alimentaire est encore vive et où des forêts sont encore perdues.
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