Contexte - Les cigarettes électroniques sont de plus en plus populaires.
Quel est leur effet sur la santé ? Peuvent-elles avoir un impact sur la lutte antitabac ?
Ceci est un résumé fidèle du rapport produit en 2014 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : "Electronic nicotine delivery systems, Report by the World Health organization
Les cigarettes électroniques, qui sont de plus en plus populaires, sont l’une des formes des « inhalateurs électroniques de nicotine ». Elles utilisent un élément chauffant pour chauffer une solution qui est vaporisée et diffusée à l’utilisateur sous la forme d’un aérosol. Les principaux composants de cette solution sont le propylène glycol et des aromatisants, en plus de la nicotine, qui n’est pas toujours présente.
Alors que certains experts sont favorables à ces produits, y voyant un moyen de réduire la consommation de tabac, d’autres considèrent qu’ils pourraient saper les efforts entrepris pour « dénormaliser » le tabagisme. Les inhalateurs électroniques de nicotine se situent donc sur une frontière mouvante entre promesse et menace pour la lutte antitabac.
Les inhalateurs électroniques de nicotine utilisent un élément chauffant pour vaporiser une solution sous la forme d’un aérosol. Il existe néanmoins toute une gamme de produits, et la façon dont les dispositifs sont utilisés peut avoir un impact sur l’absorption de nicotine ; la durée des bouffées, la profondeur de l’inhalation et la fréquence de l’utilisation peuvent, par exemple, être des facteurs influents. De plus, certains utilisateurs modifient ces produits pour régler la diffusion de nicotine et/ou d’autres drogues.
Le marché est apparemment en plein boum. On estime qu’en 2014, il existait 466 marques et qu’en 2013, 3 milliards de dollars ont été dépensés dans le monde entier pour ces produits. Les ventes devraient être multipliées par 17 d’ici à 2030. En 2012, 7 % des citoyens de l’UE âgés de 15 ans et plus avaient essayé la cigarette électronique. Les utilisateurs déclarent que les principales raisons pour lesquelles ils vapotent sont qu’ils souhaitent diminuer leur consommation de tabac ou arrêter de fumer et qu’ils peuvent vapoter dans les espaces non-fumeurs.
La plupart des inhalateurs électroniques de nicotine n’ont pas été testés par des scientifiques indépendants, mais les rares tests réalisés révèlent d’importantes variations dans la nature de la toxicité des constituants et des émissions.
Les risques que l’inhalation de nicotine présente pour la santé ont en revanche été clairement établis. La nicotine est addictive et peut contribuer aux maladies cardiovasculaires. Elle peut avoir des effets nocifs pendant la grossesse et bien qu’elle ne soit pas elle-même cancérogène, elle peut jouer le rôle de « promoteur de tumeur ». Les éléments de preuve sont suffisants pour mettre en garde les enfants et les adolescents, les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer contre l’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine, l’exposition du fœtus et de l’adolescent à la nicotine ayant des conséquences à long terme sur le développement du cerveau.
L’inhalation des aérosols diffusés par les systèmes électroniques peuvent avoir des effets sur la santé. Les yeux et les voies respiratoires peuvent être irrités par l’exposition au propylène glycol, par exemple. Les données existantes montrent que l’aérosol produit par les inhalateurs électroniques de nicotine n’est pas simplement de la « vapeur d’eau » comme le prétendent souvent les stratégies de marketing de ces produits. L’utilisation de ces dispositifs présente un grave danger pour les adolescents et les fœtus.
Étant donnée l’arrivée relativement récente des inhalateurs électroniques de nicotine sur le marché et le long délai qui s’écoule avant l’apparition de nombreuses maladies à prendre en considération, comme le cancer, on ne dispose pas, jusqu’à présent, de données probantes sur les risques pour la santé des inhalateurs électroniques de nicotine et ces données risquent de ne pas être disponibles avant plusieurs années, voire plusieurs décennies. Toutefois, il est très probable qu’en moyenne, l’utilisation des inhalateurs électroniques de nicotine soit à l’origine de plus faibles expositions à des substances toxiques que les produits combustibles.
Les tiers peuvent être exposés à l’aérosol exhalé par les vapoteurs, qui augmente la concentration de fond de certaines substances toxiques, de nicotine et de particules fines et ultrafines dans l’air. L’aérosol exhalé est susceptible d’augmenter le risque de maladie pour les tiers par rapport aux concentrations de fond, dans le cas des inhalateurs électroniques de nicotine qui produisent des concentrations de substances toxiques de l’ordre de celles produites par certaines cigarettes. Les quantités émises par les inhalateurs électroniques de nicotine sont généralement plus faibles que dans les émissions d’une cigarette classique, mais on ignore si cette exposition est susceptible d’augmenter le risque de maladie pour les tiers.
Quelques études indiquent que certains utilisateurs d’inhalateurs électroniques de nicotine ont arrêté de fumer à l’aide de ces produits, mais leur efficacité n’a pas encore été systématiquement évaluée. S’il est probable que l’utilisation d’inhalateurs électroniques de nicotine aidera certains fumeurs à renoncer complètement à la cigarette, elle risque davantage d’avoir pour effet de simplement diminuer la consommation de cigarettes plutôt que l’arrêt complet. La durée du tabagisme semblant jouer un rôle plus important que son intensité dans les problèmes de santé qu’il crée, le double usage aura bien moins d’effets bénéfiques sur la survie en général que le sevrage tabagique complet.
Même si les inhalateurs électroniques de nicotine présentent une série d’avantages potentiels pour les fumeurs, la question de savoir s’ils auront un impact positif ou négatif sur la santé de la population, et notamment sur la lutte antitabac, fait l’objet d’un vaste débat, souvent très animé. L’une des préoccupations légitimes est notamment la nécessité d’éviter que les non-fumeurs, et en particulier les jeunes, ne commencent à consommer de la nicotine, tout en maximisant les avantages potentiels de ces produits pour les fumeurs. Un rapport a conclu que les inhalateurs électroniques de nicotine présenteraient des avantages pour la santé publique uniquement dans un environnement où l’on parvient à réduire rapidement l’attrait, l’accessibilité, la promotion et la consommation de cigarettes et d’autres produits du tabac brûlés.
L’OMS a rappelé que la solution la plus bénéfique pour la santé des fumeurs était de renoncer complètement et au tabac et à la nicotine. Dans le contexte de la convention-cadre pour la lutte antitabac, l’OMS recommande de réglementer les inhalateurs électroniques de nicotine en s’appuyant sur une base scientifique solide, qui fait actuellement défaut.
Il faut plus particulièrement empêcher la promotion des inhalateurs électroniques de nicotine auprès des non-fumeurs, des femmes enceintes et des jeunes, et éviter qu’ils n’utilisent ces produits. Il faut également interdire les allégations sanitaires infondées au sujet des inhalateurs électroniques de nicotine et veiller à ce que les mesures de lutte antitabac existantes ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac.
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