Introduction
Cette monographie sur la maladie de Lyme ou, plus exactement,
Borreliose de Lyme, a été réalisée par un groupe de
spécialistes belges et validée par le Belgian Antibiotic Policy
Coordination Committee (BAPCOC), la Société Belge d’Infectiologie et de
Microbiologie Clinique (SBIMC), Domus Medica, la Société Royale Belge de
Rhumatologie (SRBR) et la Vlaamse Vereniging voor Neurologie
(VVN).
Qu’est-ce que la Borreliose de Lyme et comment est-elle contractée ?
La bactérie responsable de la
maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi, est transmise à l’homme
par morsure de tique infectée
appartenant le plus souvent en Europe au complexe Ixodes
ricinus. La tique présente 4 stades de développement : œuf, larve,
nymphe et forme adulte et l’homme peut être mordu par une tique à tout
stade de son développement, de la larve à l’adulte même si la plupart
des transmissions de Borrelia semblent être liées à des morsures de
nymphes, qui sont plus actives en période estivale et début d’automne.
Plus petites que les formes adultes (taille < 2mm), elles passent
donc plus facilement inaperçues.
L’épidémiologie de la maladie de Lyme présente une saisonnalité
marquée, avec, en Belgique, une augmentation du nombre de sérologies
positives rapportées chaque année entre juin et octobre.
Quels facteurs augmentent le risque de transmission de la maladie de Lyme ?
Différents facteurs influencent le risque de transmission, tels que la
durée du repas sur l’hôte (fixation sur la peau pendant >24-48h
heures), la densité des tiques dans l’environnement, la
prévalence de l’infection à
Borrelia dans les tiques (13.7% en moyenne en Europe, mais avec une
grande variation selon les régions), les conditions climatiques, le type
de végétation ainsi que le comportement de l’hôte.
Le risque d’être infecté par Borrelia est plus élevé au cours
d’activités extérieures pratiquées entre le printemps et l’automne, la
période d’activité naturelle des nymphes (maximale de mai à octobre).
Comment l’évolution des cas d’infections (ce qui ne veut pas dire maladie ou symptômes) est-elle surveillée ?
La surveillance de la Borreliose Lyme se base principalement sur le
nombre de tests sérologiques positifs rapporté par les centres de
référence de la borréliose et par un réseau de laboratoires vigies. Des
variations annuelles du nombre de sérologies positives sont observées.
Ces variations peuvent êtres dues à différents facteurs, notamment des
changements dans la capacité diagnostique de l’infection, des modalités
de surveillance et de la sensibilisation du corps médical (avec une
demande plus fréquente de sérologies).
Comment se prévenir d’une infection par la borréliose de Lyme ?
Lors d'activités extérieures, plus particulièrement pendant les
saisons à risque, sont recommandés :
- le port de vêtements couvrants (pantalon,
chaussettes, longues manches, ...) ;
- l’utilisation d'un répulsif de type DEET
20-50% (pas plus de 30% chez les enfants) sur la peau exposée, non
protégée par un vêtement en évitant le visage et les mains (à
renouveler toutes les 2-3 h,) ;
- l’inspection corporelle dans le décours de
l'activité, afin d'exclure la présence de tiques ;
- le retrait de la tique dès que possible avec
une pince ad hoc (trouvée en pharmacie) ; ne pas utiliser d'éther ou
de pince à épiler ;
- l’utilisation éventuelle de perméthrine pour
les vêtements de travail pour les professions à risque.
Quelles sont les manifestations cliniques typiques suite à une morsure de tique ?
La réaction sur morsure de tique est une réaction érythémateuse
(rougeur congestive de la peau) apparaissant endéans les 2 jours de la
morsure de la tique, de moins de 5 cm de diamètre, souvent prurigineuse
(démangeaison) et mal délimitée. Il n’y a pas de signes
d’accompagnement. Cette réaction n’est pas une manifestation de
la borréliose, mais est une réaction inflammatoire ou
d'hypersensibilité à la morsure. Cette lésion disparaît spontanément en
deux ou trois jours. En cas de doute, il est donc conseillé d’observer
l’évolution de la lésion.
Une extension de la lésion après 4 à 5 jours est suspecte de
borréliose, bien qu’il faille garder à l’esprit l’hypothèse d’une
surinfection bactérienne,
éventuellement favorisée par la morsure ou les manipulations
d’extraction de la tique.
En cas d’infection donnant lieu à des symptômes, la distribution des
manifestations cliniques varie selon certaines régions en Europe et
celles-ci peuvent diverger des formes américaines, car aux Etats-Unis,
c’est principalement Borrelia burgdorferi qui est sensi
stricto rapportée comme pathogène. En Europe centrale, ces sont
principalement Borrelia afzelii et garinii qui circulent. L'atteinte
cutanée (érythème migrant) y prédomine (77-85% des manifestations
cliniques), notamment parce que l'espèce
bactérienne la plus souvent
incriminée, B. afzelii, a un tropisme plus particulier (mais
pas exclusif) pour la peau.
Il est important de souligner qu'une proportion importante de patients
exposés à la bactérie Borrelia ne
développera jamais de symptômes cliniques. Des
anticorps spécifiques seront
cependant produits, expliquant le nombre important de patients
séropositifs mais ne
présentant pas de symptômes.
Quelles sont les manifestations précoces localisées (cutanées) d’une infection par la borréliose ?
Plusieurs types de lésions cutanées peuvent survenir :
- a) L'érythème migrant (rougeurs)
C’est l'atteinte clinique la plus fréquente dans nos
régions (90%). Il est souvent localisé dans les plis (creux
axillaires et poplités (arrière du genou), aine, périnée, dos,
fesses) ainsi qu’au niveau de la tête, en particulier chez les
enfants (nuque, cuir chevelu derrière les oreilles). Très rarement,
des lésions qui restent de petite taille sont observées, souvent
alors localisées au niveau des extrémités.
Lorsqu'il est
présent, il apparaît entre 3 jours et 30 jours après la morsure de
la tique (généralement 7-14 jours). C'est une lésion cutanée
érythémateuse ou en cible qui s’étend progressivement à partir du
site de la morsure, mesurant le plus souvent plus de 5 cm de
diamètre mais pouvant atteindre plus de 30 cm. Le centre de la
lésion peut s’éclaircir mais ce n’est pas une règle absolue, en
particulier en Europe où la présentation pourrait varier selon
l’espèce. Dans de rares
cas, des lésions vésiculeuses, pustuleuses, nécrotiques ou
purpuriques peuvent être présentes.
Les lésions cutanées
sont fréquemment sans autres symptômes mais peuvent parfois
s’accompagner de douleurs locales, sensations de brûlure ou de
démangeaisons modérées. Des symptômes plus généraux (douleurs
musculaires et articulaires, fièvre modérée, fatigue, adénopathies)
peuvent accompagner l’érythème migrant dans 10 à 30% des cas. Même
sans traitement, ces lésions disparaissent, le plus souvent dans le
mois.
- b) Les érythèmes migrants multiples
Il s’agit de lésions cutanées dites « secondaires », habituellement
plus petites que la lésion primaire, apparaissant dans les jours ou
semaines voire les mois ou les années suivant la morsure. Ces
manifestations disséminées apparaissent, croissent et disparaissent
spontanément. Elles sont plus fréquemment associées à des symptômes
généraux : myalgies, arthralgies, fièvre modérée, fatigue,
adénopathies. Elles peuvent se développer même en l'absence d'un
érythème migrant préalable.
Ces manifestations sont la
conséquence d’une dissémination de la
bactérie via le système
sanguin et peuvent atteindre la peau (érythème migrant multiple), le
système nerveux, les
articulations, le cœur et, exceptionnellement, d'autres
localisations (atteinte oculaire, hépatique, …).
Selon les
cas, 4 à 20% des érythèmes migrants sont multiples.
- c) Le lymphocytome
C'est une lésion
bénigne et rare (1-3%
des manifestations cliniques) qui apparaît en général 1 à 6 mois
suivant la morsure. Elle a l’apparence d’un petit nodule de couleur
rouge-violacée et mesure de 1 à 5 cm de diamètre, sans autre
symptôme local. Cette atteinte n’est décrite qu’en Europe (B.
afzelii) et est décrite essentiellement chez les enfants.
Elle se situe le plus souvent sur le lobe de l’oreille (parfois sur
le mamelon ou le scrotum).
Si le diagnostic est incertain,
une biopsie peut-être indiquée, en particulier dans les
localisations autres que l’oreille pour exclure une autre origine,
comme un lymphome ou une forme de
cancer.
La lésion
peut régresser spontanément en plusieurs mois et le traitement par
antibiotiques peut
accélérer sa disparition qui survient alors, en moyenne, en un mois.
Quelles sont les manifestations non cutanées associées à la Borreliose de Lyme ?
Outre les érythèmes cutanés multiples évoqués dans la réponse
à la question précédente, on distingue :
- a) Les atteintes neurologiques précoces ou neuroborreliose
aiguë
Ce sont des atteintes aiguës, qui en Europe
centrale représente 3-15% des manifestations cliniques de la
borréliose de Lyme, surviennent dans les semaines (ou premiers mois)
qui suivent la morsure et peuvent être concomitantes à un érythème
migrant. Par ailleurs, il n’y a pas d’évidence d’association entre
pathologies psychiatriques et/ou troubles comportementaux et le
développement d’une borréliose de Lyme.
Chez l’enfant, au moins 50% des atteintes
neurologiques se manifestent sous la forme d'une paralysie aigue du
nerf facial, parfois bilatérale avec ou sans maux de tête
(méningite
lymphocytaire). On observe plus rarement une atteinte des autres
nerfs crâniens.
Chez l'adulte, l'atteinte
neurologique la plus
fréquente est une inflammation
des méninges et des racines nerveuses, la méningo-radiculite,
caractérisée par une douleur typiquement exacerbée la nuit, pouvant
évoluer sur plusieurs semaines qui répond mal aux traitements
anti-inflammatoires. Une atteinte des nerfs crâniens peut provoquer
une paralysie faciale, de la paroi abdominale ou des membres
inférieurs (parésie). Les atteintes des autres nerfs crâniens sont
plus rares et provoquer des douleurs faciales, des troubles auditifs
et d’équilibre ou de déglutition. La possibilité d’une atteinte du
nerf optique est débattue et, si elle existe, semble rarissime.
D'autres atteintes sont possibles mais rares, comme
l’encéphalite, la méningite lymphocytaire, la myélite ou une
atteinte vasculaire cérébrale.
- b) Les atteintes cardiaques
L'atteinte cardiaque est rare (1-5% des manifestations cliniques) et
se manifeste généralement par des troubles de conduction dans les
jours ou les semaines (4 à 6) qui suivent l’apparition (éventuelle)
d’un érythème migrant. La résolution spontanée est fréquente, mais
une antibiothérapie sera quand même administrée (voir question 8).
Des atteintes plus sévères peuvent plus rarement être
décrites (chez les hommes de moins de 45 ans le plus souvent) de
même que des myocardites ou péricardites symptomatiques. Une
stimulation cardiaque temporaire peut être requise et la résolution
des symptômes se fait en général endéans les 7 jours du début du
traitement.
- c) L’arthrite articulaire
Elle
représente, en Europe, environ 5% des manifestations cliniques de la
borréliose de Lyme. C’est une manifestation plus tardive qui
apparaît dans les mois, voire les années après la morsure de tique.
C’est une manifestation inflammatoire avec une synovite, comprenant
douleur souvent modérée et gonflement articulaire. Elle peut se
présenter en épisodes récurrents ou de façon persistante. Elle
touche essentiellement les grosses articulations, mais le plus
souvent le genou. Non traitée, elle peut persister des mois ou des
années.
Cette atteinte inflammatoire entraîne un
épanchement dans l’articulation (synovite) et est à distinguer des
arthralgies, myalgies qui sont aspécifiques et non strictement liées
à une borréliose de Lyme. La réponse au traitement est généralement
complète, mais peut prendre plusieurs mois.
Une synovite
persistante nommée « arthrite de Lyme réfractaire aux
antibiotiques »,
surtout décrite dans les formes américaines, peut toucher un petit
nombre de patients (<10%). Il s'agit en réalité d'un
phénomène inflammatoire et non plus infectieux, qui peut être
amélioré par les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens ou
les corticoïdes administrés localement (diagnostic rhumatologique).
- d) L'Acrodermatite chronique atrophiante (ou maladie de
Pick-Herxeimer)
Cette atteinte, peu
fréquente (< 5%), se caractérise par des lésions cutanées
touchant initialement les zones d’extension des extrémités qui
peuvent apparaître jusque 10 ans après la morsure. Elle touche
surtout les femmes et n'est quasiment rapportée qu’en Europe. Les
lésions sont, au départ, rouge-bleuâtres et gonflées mais deviennent
ensuite atrophiques (« peau en papier à cigarette »). Les lésions,
le plus souvent unilatérales mais parfois bilatérales, peuvent
s’étendre.
Une neuropathie des membres associée à ces
manifestations cutanées particulières est fréquente de même que des
atteintes musculo-squelettiques sont possibles : arthrite, luxations
des articulations des mains et des pieds, tendinites du tendon
d’Achille, épaississements du périoste (membranes entourant les
os),…. Le diagnostic peut être confirmé par la présence
d’anticorps spécifiques
(IgG) qui est toujours observée, et par une biopsie
cutanée.
- e) La neuroborreliose tardive
C'est
une atteinte rare (< 5% des atteintes neurologiques), se
caractérisant par une encéphalomyélite (lésions du cerveau) ou une
myélopathie (affection de la moelle épinière) lentement progressive
(plus de 6 mois) à l'origine d'une insensibilité au niveau des
jambes, d’ataxie, de paralysie des membres, perte de l’audition,
...). Ces atteintes tardives sont la conséquence d’une infection
précoce non traitée. Dans ces situations, la sérologie est toujours
positive, l’imagerie radiologique et la ponction lombaire toujours
pathologiques.
On ne peut cependant pas considérer une fatigue et des
plaintes de douleurs chroniques
isolées comme une manifestation de neuroborréliose tardive.
- f) Le Syndrome post-Lyme
Le terme «
syndrome post-Lyme » est utilisé (mais controversé) en cas de
persistances de symptômes aspécifiques pendant une période de plus
de 6 mois dans le décours d’une infection documentée et correctement
traitée. Ces symptômes sont aspécifiques, tels que fatigue, douleurs
musculo-squelettiques récurrentes et migratrices, des troubles de
concentration, des céphalées et des troubles mnésiques. Mais ils
sont suffisamment importants que pour affecter la vie courante.
Ce terme doit donc être utilisé avec prudence. Outre que
l’existence même de ce syndrome est débattue, tenant compte de
l’implication possible de diagnostics erronés de borréliose de Lyme
et de l’absence de preuve que ces plaintes sont plus fréquentes que
dans la population générale, il n’y a, actuellement, pas de
mécanisme physiopathologique clairement établi sous-tendant ce
syndrome. Diverses pistes sont évoquées (auto-immunité,
perturbations des cytokines, …) sans conclusions claires
actuellement.
Quels est le traitement réellement efficace des différentes formes de la borréliose de Lyme ?
Toutes les manifestations cliniques de la borréliose de Lyme doivent
faire l'objet d'un traitement par
antibiotiques ciblé,
principalement par la doxycycline ou par la ceftriaxone et des dérivés
de la pénicilline. On ne rapporte pas à ce jour d'émergence de
résistance de la
bactérie Borrelia spp aux
antibiotiques.
La présence d’anticorps
spécifiques sans symptômes cliniques caractéristiques est une séquelle
d’une infection antérieure ou un faux positif qui ne doit pas être
traitée, évitant ainsi une exposition inappropriée aux
antibiotiques. En cas de
présentation de symptômes aspécifiques, le patient sera réévalué dans
les semaines suivantes afin d'exclure l'apparition plus tardives de
symptômes significatifs. La possibilité d’autres diagnostics, infectieux
ou non infectieux, doivent également être écartée par les examens
requis. Si un traitement antibiotique bien mené ne permet pas
d'améliorer nettement ou complètement (le plus souvent) la situation, le
diagnostic doit être remis en question. La prolongation de la durée du
traitement ou l'association d'antibiotiques n'est pas indiquée ; elle
n'a pas démontré son efficacité, est potentiellement toxique pour le
patient, l'exposant inutilement à des antibiotiques et, de plus, est
onéreuse.
Il n’y a pas de transmission foeto-maternelle ni inter-humaine de la
borréliose de Lyme. Comme les autres patients, les femmes enceintes qui
présentent une atteinte clinique (et non pas seulement des
anticorps spécifiques)
doivent être traitées avec des
antibiotiques en évitant
cependant les tétracyclines, contre-indiquées en cas de grossesse et
d'allaitement.
Pour le traitement des atteintes neurologiques
précoces ou neuroborréliose
aiguë, la plupart des études
montrent une amélioration significative en quelques semaines à quelques
mois par l’antibiothérapie mais celle-ci influence peu l’évolution en
cas de paralysie faciale isolée. La récupération complète est le plus
souvent obtenue ; cependant, pour 5-10% des patients correctement
traités des séquelles sont signalées.
Pour le traitement de la neuroborreliose
aiguë, des études
récentes ont montré une efficacité similaire de la doxycycline et de la
ceftriaxone dans les atteintes neurologiques précoces. Le nombre de
patients étudiés présentant une atteinte sévère (encéphalite,
encéphalomyélite) étant limité, en cas d'atteinte sévère en attente de
données plus robustes, certains experts préconisent cependant la
ceftriaxone en premier choix.
Pour le traitement d’un « syndrome post-Lyme », il
n’y a aucune évidence démontrant le bénéfice d’antibiothérapies
prolongées ou répétées, qui exposent le patient à un risque de toxicité,
d’effets secondaires et de sélection de bactéries résistantes.
Pour le traitement de neuroborréliose tardive (hors
polyneuropathie liée à l’ACA), la ceftriaxone sera administrée en
premier choix. La durée du traitement n'est pas clairement établie mais
une durée de 4 semaines est suggérée.
Pour le traitement d’une atteinte articulaire, la
réponse peut être lente et se poursuivre sur plusieurs mois dans le
décours de l'antibiothérapie. La ceftriaxone n'est en général pas
administrée en première intention, mais en cas de réponse incomplète,
l'alternative est de prescrire un nouveau traitement de 28 jours.
Pour le traitement de « l'arthrite de Lyme réfractaire aux
antibiotiques
» (rare en Europe) - c'est-à-dire persistante deux mois après
un traitement complet de 14 jours de ceftriaxone ou deux lignes de
traitement oral de 30 jours et avec un résultat d’examen de type « PCR »
sur le liquide articulaire négatif - les antibiotiques n'ont plus leur
place. La réponse aux anti-inflammatoires non stéroïdiens et aux
corticoïdes in loco (? ) est généralement bonne.
Pour le traitement des atteintes cardiaques, dans les
atteintes plus sévères, l’administration des
antibiotiques par voie
intraveineuse sera préférée.
Faut-il systématiquement prendre des antibiotiques en cas de morsure par une tique ?
La position actuellement défendue par les spécialistes en Belgique est
de ne pas donner de traitement par
antibiotiques en prophylaxie
après une morsure avérée. Cela sur base sur le fait qu’une
administration de 200 mg de doxycycline n’a été démontrée comme
diminuant le risque d'atteinte clinique (de 3,2 à 0,4%), aux USA, que
:
- si le taux d'infestation des tiques par la
bactérie Borrelia spp.
dépasse 20% (En Belgique, ce taux est en moyenne de 12%) ;
- si la tique est enlevée après 36 h sur la peau ;
- si la tique est de type I. persulcatus (pas de données sur I.
Ricinus en Europe)
- et si l'antibiotique est donné endéans les 72h de la morsure
(chez l'adulte).
En cas de morsure documentée ou suspectée, il est par contre
recommandé, d'assurer un suivi clinique de la zone autour de la morsure
dans les 30 jours qui suivent, afin de s'assurer de l'absence de
développement d’un érythème migrant (forme la plus fréquente). En
l'absence de symptômes cliniques dans le décours d'une morsure de
tiques, Il n'y a lieu de faire un suivi sérologique.
Comment diagnostique-t-on les différentes formes de la maladie ou Borréliose de Lyme ?
Un diagnostic spécifique d’une maladie de Lyme peut reposer sur ses
manifestations cliniques ou sur un examen sanguin (sérologie). La
sérologie est la méthode de diagnostic de préférence et, dans la plupart
des cas, la seule technique disponible pour le diagnostic de borréliose
de Lyme. Les données cliniques et épidémiologiques sont essentielles
pour le diagnostic de la borréliose de Lyme dans la phase précoce. Elles
augmentent aussi la probabilité pré-test.
- a) Pour l’érythème migrant le diagnostic est basé
sur les observations cliniques et épidémiologiques et pas sur la
sérologie car si la lésion est détectée de façon très précoce
celle-ci peut être négative: à ce stade, la sensibilité de la
détection des anticorps IgM et
IgG à la Borrelia est d'environ 50% mais augmente jusqu’ à 70% après
au moins 4 semaines.
Le traitement d’un érythème migrant
par antibiotiques au stade où
il n’y a pas encore de réponse
immunitaire empêche dans un
certain nombre des cas le développement des anticorps. ET, comme
indiqué, les patients ayant des anticorps IgM/IgG peuvent garder ces
anticorps pendant des mois ou des années.
En cas de doute
(présentation aspécifique, non réponse au traitement), une biopsie
cutanée peut être proposée, l'aspect anatomo-pathologique étant
assez suggestif et permettant aussi d'exclure d'autres diagnostics.
Différentes autres pathologies doivent en effet être
évoquées à côté de la possibilité d’une borréliose de Lyme :
réaction sur piqure d'insecte, eczéma de contact, granulome
annulaire, urticaire, folliculite, éruption médicamenteuse, etc ...
- b) Pour le lymphocytome, la sérologie (IgM et IgG)
est souvent positive car c'est une lésion plus tardive que
l’érythème migrant et qui peut persister longtemps. %. Pour les cas
séronégatifs au moment du diagnostic, un contrôle serologique sera
proposé, la séroconversion attendue en peu de temps. Les signes
cliniques étant assez caractéristiques, une biopsie cutanée n'est
envisagée que quand le diagnostic est incertain. Un diagnostic
direct par la technique du PCR (analyse de l’ADN de la
bactérie) a une
sensibilité de l’ordre de 60%.
- c) Pour l'atteinte
neurologique précoce,
La sérologie sanguine (présence d’anticorps IgM et IgG) est
habituellement positive sauf chez les patients présentant une
atteinte neurologique très précoce dans le décours de la morsure (ce
qui est plus souvent le cas chez l’enfant.
- d) En cas de de suspicion de neuroborreliose
aiguë, un
contrôle au moins 4 semaines après la première analyse sérologique
augmente la sensibilité jusqu’à plus de 98%. Devant une suspicion
d'atteinte neurologique précoce, la ponction lombaire permet le plus
souvent de confirmer le diagnostic On recherchera alors la présence
anormale de certaines protéines
et une sécrétion d’anticorps spécifiques. La sérologie sur le
liquide céphalo-rachidien (via une ponction
lombaire) peut être positive avant la sérologie sanguine,
principalement dans les atteintes précoces chez l'enfant.
- e) En cas de paralysie faciale, avec une sérologie
positive, chez l'enfant (surtout si bilatérale), le diagnostic
d'infection à Borrelia est le plus probable et un traitement peut
être administré sans réalisation de la ponction lombaire. Chez
l'adulte, les étiologies de la paralysie faciale sont plus diverses,
raison pour laquelle la ponction lombaire est indiquée.
- f) En cas d’atteinte cardiaque, la sérologie est
habituellement positive (> 80% des cas) avec des taux élevés
d’anticorps de type IgG. En cas de troubles de conduction nerveuse,
il faut d'abord rechercher d'autres étiologies et une sérologie
isolément positive ne suffit pas au diagnostic.
- g) En cas d’atteinte articulaire, manifestation plus
tardive de la maladie, la sérologie est toujours positive avec des
taux élevés des anticorps de type IgG. La ponction articulaire
montre des signes
d’inflammation. Si les
symptômes cliniques et les caractéristiques épidémiologiques du
patient ne sont pas classiques, la détection directe par la
technique dite de PCR peut être indiquée sur le liquide de ponction
(sensibilité de 60-80%)
- h) En cas d’atteinte neurologique tardive, la
sérologie sanguine est toujours positive et le liquide
céphalo-rachidien est toujours pathologique, de même que l'imagerie
radiologique En cas d’acrodermatite chronique atrophiante, la
sérologie est toujours positive, souvent avec des taux élevés des
anticorps de type IgG. L’examen anatomopathologique montre des
lésions histologiques caractéristiques et permet d’éliminer un autre diagnostic.
Quels sont les tests permettant un diagnostic d’une forme de borréliose de Lyme ?
On distingue plusieurs grandes catégories de tests diagnostiques
:
- I. Les tests immunologiques de trois différentes
générations. La réponse
immunitaire à l’infection à
Borrelia est observée à la fois au niveau sanguin et
cellulaire mais en
routine, c’est la détection
d’anticorps spécifiques à
la borréliose qui est réalisée. C’est une méthode indirecte qui ne
renseigne cependant pas sur l’activité de la maladie au moment de
l’examen qui renseigne pas sur l’activité de la maladie au moment du
test, ce qui est important dans l’interprétation des résultats. La
détection d’anticorps (IgG) doit alors être confirmée par un test
complémentaire dit d’ « immunoblot » (plus spécifique), permettant
de minimiser le risque de faux diagnostic d’infection.
Le
développement des anticorps de type IgM précède dans la plupart des
cas celui des IgG et les anticorps (IgG et/ou IgM) peuvent rester
positifs pendant des années.
Les difficultés
d’interprétation de la sérologie proviennent du manque de
sensibilité au stade précoce, du manque de standardisation des kits
commercialisés et des critères communs d’interprétation des tests
d’immuno-empreinte en Europe et les méthodes sérologiques utilisées
doivent répondre aux recommandations européennes de performance
(EUCALB).
- ii. L’analyse d’une ponction lombaire et une
détermination de synthèse d’anticorps est recommandée quand la
sérologie de Lyme est positive dans le sérum ou quand la sérologie
sanguine est négative avec une forte suspicion de neuroborreliose.
La production d’anticorps dans le liquide lombaire peut cependant
être absente, surtout en cas de neuroborreliose avec des symptômes
de courte durée. Dans la neuroborreliose évoluant depuis plus de 6-8
semaines, les patients présentent tous une synthèse d’anticorps
spécifiques anti-Borrelia.
- iii. La technique d’analyse de l’ADN bactérien par
PCR est en théorie une technique très sensible mais dans ce
type d’infection, elle n’est sensible que dans les atteintes
cutanées ou articulaires (60-80%). Par contre, la PCR a peu de place
dans les atteintes neurologiques et n’est pas indiquée pour
l’analyse du sang, du sérum du plasma ou l’urine.
- iv. Les analyses de prolifération des cellules
lymphocytes de type T et la détection des marqueurs
immunologiques de type CXCL13 sont parmi d’autres types
de tests de laboratoire utilisées pour la détection de la borréliose
de Lyme mais ces tests ne sont pas validés à ce stade.
Y-a-t-il des liens particuliers entre borréliose de Lyme et la grossesse ou une immunodéficience ?
Il n’y a pas d’évidence qu’une immunodéficience constitue un facteur
de risque d’acquisition ou de gravité de la borréliose de Lyme.
Pour ce qui est de la grossesse et contrairement à ce que laissaient
craindre des publications antérieures, il n’y a pas d’association
évidente entre la borréliose de Lyme et un accouchement prématuré, des
décès in utero ou des malformations congénitales.
Comment interpréter la découverte fortuite de la présence dans le sang d’anticorps spécifiques de la bactérie Borrélia ?
Une présence d’anticorps (IgG,
IgM) spécifiques de la borréliose de Lyme en l'absence de symptômes
caractéristiques décrits précédemment n'est pas indicative d’une
infection active. Un traitement antibiotique ne sera donc jamais proposé
sur base d'une seule sérologie positive. Il faut donc éviter de réaliser
une sérologie Borrelia en l'absence de signes cliniques spécifiques
(comme par exemple en cas de fatigue persistante ou de polyalgies
diffuses aspécifiques de longue durée, ....).
En cas de sérologie positive avec des symptômes peu spécifiques, un
suivi clinique sera assuré dans les semaines qui suivent pour exclure
l'apparition de signes caractéristiques. En cas de doute sur la
possibilité d'une atteinte
neurologique, une ponction lombaire
devrait être réalisée pour confirmer ou infirmer le diagnostic. La
survenue d’une symptomatologie articulaire objectivable indiquera la
réalisation d’explorations complémentaires spécifiques (ponction
articulaire). En cas de doute, le patient peut être dirigé vers une
consultation spécialisée en maladies
infectieuses.
A noter que la présence des
anticorps spécifiques de la
borréliose de Lyme reste positive de façon prolongée, y compris après un
traitement antibiotique. La recontrôler pour évaluer l’évolution de la
maladie est donc inutile.
Quelles sont les données épidémiologiques disponibles concernant plus particulièrement la borréliose de Lyme en Belgique?
La borréliose de Lyme peut s’observer partout en Belgique, mais
l’incidence varie selon les régions et par années. Rare en région
côtière, elle est plus fréquente dans d’autres régions. Il y a une
légère prédominance des infections chez les hommes, possiblement liée
aux activités professionnelles et de loisir en plein air, plus
fréquemment pratiquées par ceux-ci.
En Belgique, une quarantaine de laboratoires répartis sur le
territoire national couvrent 67% des tests sérologiques réalisés. Afin
de disposer d’une image plus complète de l’épidémiologie de la
borréliose de Lyme, la surveillance sérologique est complétée par une
surveillance clinique, basée sur une estimation du nombre de patients
qui consultent un médecin pour la présence d’un érythème migrant (études
ponctuelles), ainsi qu’un suivi du nombre d’hospitalisations pour une
maladie de Lyme.
Les résultats issus de trois sources indépendantes d’informations en
Belgique indiquent une stabilité du nombre de cas au cours des 10
dernières années. Depuis 2002, des variations annuelles sont observées,
mais la tendance n’est donc pas à la hausse. De façon globale, il n’y a
donc pas d’importante tendance à l’augmentation du nombre de tests
sérologiques positifs et le taux de positivité des sérologies (nombre de
résultats positifs/nombre de tests réalisés) reste stable (2 à 3% de
positivité, années 2007-2013). En moyenne un millier de personnes par an
ont été hospitalisées pour maladie de Lyme entre 1999 à 2010 (dernières
données disponibles) avec une augmentation rapportée début des années
2000, indiquant probablement une meilleure identification de la maladie
par le développement et la disponibilité des tests diagnostiques